Dossier bisexualité


BI MY BABY
Que je vous introduise :
J’en connais qui vont lever les yeux au ciel en se demandant s’il est bien utile d’aborder un tel sujet, puisque les bisexuels semblent ne pas avoir d’existence propre dans notre société. C’est bien là, justement, tout le paradoxe et tout l’intérêt de cette question.
Alors, les bisexuels existent-ils ? Ou ne sont-ils qu’une chimère, une incroyable mystification issue de la fantaisie libertine d’oiseaux de nuit désoeuvrés ?
La question n’est pas si simple à résoudre, car la terminologie paraît déjà trop réductrice pour contenir toutes les nuances de cette relation si spécifique. Il en serait de même d’ailleurs pour la multiplicité des conduites sociales et des comportements sexuels liés à l’homosexualité et à l’hétérosexualité. Toutefois, sexologues, psychiatres, psychanalystes, philosophes, historiens et socio-anthropologues se sont penchés suffisamment longtemps sur les comportements humains pour en tirer quelques enseignements. Les hypothèses qui en ont été élaborées permettent aujourd’hui de confortables classifications catégorielles. La bisexualité existe en tant que sensibilité particulière et n’a rien à voir avec certains comportements hérités de l’échangisme ou de toute autre fantaisie érotico-libertine. Alors la méfiance, la désapprobation, le scepticisme, ou même la biphobie n’ont pas plus de raison d’être que la stigmatisation de l’homosexualité.


Dis-moi avec qui tu baises, je te dirai qui tu es !
Lorsque la sexualité fait l’identité, il est facile de mettre tout un chacun dans des cases bien étiquetées. Mais lorsque la libido s’ingénie à brouiller les pistes, le trouble est semé.
Les bisexuels souffrent en premier lieu d’un manque de visibilité chronique ; les hétéros sont facilement reconnaissables, ils sont la norme dans notre monde judéo-chrétien, mais aussi dans les autres civilisations, car ils portent également les fondements de la fonction biologique de base : la reproduction. Les homos aussi peuvent se reconnaître facilement, pour peu qu’ils assument. Deux femmes ou deux hommes qui s’embrassent, qui se tiennent la main ou qui se caressent : cela se remarque. Mais comment reconnaître un bisexuel ? S’il est avec quelqu’un de son sexe, c’est un homo, s’il est avec quelqu’un du sexe opposé, c’est un hétéro.
De là à croire qu’il n’existe que cette alternative, il n’y a qu’un pas que ces deux communautés franchissent allégrement : pour les hétéros, un bi n’est qu’un homosexuel refoulé. Pour les homos, il s’agit d’un hétéro en mal de sensations fortes. Chacun d’en conclure de manière péremptoire que les bisexuels, en fait, n’existent pas !
Cette généralité, comme toutes ses copines, doit être nuancée. Car certains hétéros et certains homos « reconnaissent » que la bisexualité existe. Mais ça les énerve ! On ne sait plus qui est qui, qui est amoureux de qui, qui pourrait coucher avec qui…
La bisexualité devient donc une « formidable fouteuse de merde, une délatrice de l’invisible » comme le souligne Catherine Deschamps, éminente spécialiste dans ce domaine (voir article page. ???).
De l’introspection affective des bisexuel(le)s :
Comparativement à la reconnaissance de l’homosexualité dans l’histoire de l’humanité, la bisexualité n’a fait son apparition que très tardivement. Elle a connu des heures de gloire dans l’Antiquité, essentiellement chez les hommes, puis des heures plus douloureuses avec l’avènement de la Chrétienté.
Sans revenir dans le détail sur les soubresauts de l’identité homosexuelle, on voit qu’il en sera toujours fait mention, soit pour la glorifier, soit pour la stigmatiser. Pour l’hétérosexuel, c’est plus simple, puisque sa pratique, ne souffre d’aucune contestation (un hétérosexuel n’a pas besoin de faire son « coming-out ») et s’érige en norme, celle de la reproduction de la sacro-sainte famille. Pour le bisexuel, rien n’est simple. Il y a souvent confusion entre l’affirmation d’une bisexualité assumée et l’hésitation d’une « bisexualité psychique » de type freudien, restée scotchée dans une libido évanescente. Un bi n’est ni un homo, ni un hétéro. Mais il emprunte aux deux engeances, comme s’il voulait prendre la meilleure partie possible de l’être. Son particularisme semble puiser sa force psychique et sa dynamique dans une sorte de métasexualité, où l’émotion jouerait un
rôle central de régulateur affectif. En fait, le bisexuel ne se laisserait guider que par des émotions fortes, qui pourraient être indifféremment épanchées par une satisfaction affective, psychologique et sexuelle, auprès d’un partenaire répondant, au moins ponctuellement, à son désir profond.
To BI or not to BI ?
Le postulat de l’existence des bisexuels n’a pu se poser qu’en termes historiques et politiques, puisque la question principale a toujours été celle de l’identité. Jusqu’à tout récemment, la bisexualité était « intégrée » à l’homosexualité. « Les écarts » de pratique n’étaient pas tolérés, surtout chez les lesbiennes féministes. Il n’était pas rare de voir dans les annonces spécialisées « bi s’abstenir ». Cet ostracisme peu glorieux a encore des adeptes. Mais les bisexuels ont gagné la première bataille d’un long combat (qui les fera sortir de l’ère du soupçon permanent) vers la construction d’un mouvement identitaire, indispensable à la compréhension humaniste de l’affectivité complexe de l’être humain.
Oui, les bisexuels existent, je les ai rencontrés
Je ne remercie pas l’association « Bi’cause » que nous avons contactée par mail, par téléphone et par courrier, pour une interview et qui ne nous a jamais répondu.
Vous avez dit « visibilité » ?
Dom’
A lire : « Bisexualité : le dernier tabou » Rommel Mendès-Leite Ed. Calmann-Lévy 1996 -17 €-
L’auteur nous amène directement sur un terrain miné et nous annonce d’emblée la complexité du phénomène. Cette étude entrevoit l’ambiguïté des rapports qu’entretient la bisexualité avec la prise de conscience, la prévention et la lutte contre le sida.
Comment intervenir efficacement, comment faire en sorte que chacun se sente concerné par cette lutte, dès lors que certaines pratiques bisexuelles restent clandestines, notamment dans le couple de base, noyau central d’une cellule familiale ordinaire et sans histoire apparente ?
Rommel Mendès-Leite analyse de nombreux témoignages, chez les bisexuels eux-mêmes, en cherchant d’abord ce qui constitue leur identité réelle à travers leur comportement régulier ou occasionnel. Il détaille aussi les témoignages des compagnes de ces hommes, pour situer la complexité des rapports interpersonnels, quand le silence s’installe comme un paravent de honte ou d’inconscience. Dans cette description de certains types de comportements, on souhaiterait aboutir à une définition compréhensible et admissible de la bisexualité. Mais, c’est sans compter sur la difficulté à établir un profil cohérent qui donnerait les indices majeurs de cette sexualité atypique. Dom’

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je trouve l'approche tout à fait intéressante. je suis moi-même bisexuelle et je me reconnait pleinement dans ce qui est dit. Ce qui est surprenant c'est que lesbiennes et bisexuelles n'ont pas toujours fait bon ménage et votre site contribue à cette réconciliation et à montrer que toutes les lesbiennes ne voient pas les bi comme des traitres.

Anonyme a dit…

c'est rare de trouver un magazine lesbien qui défend la bisexualité. en général, entre les goudous et les bi, c'est la gay-guerre. ce que je trouve dommage. C'est bien continuer .

Anonyme a dit…

Merci pour cet article, mais la route est encore longue. La bisexualité n'est pas un vice mais une sexualité à part entière. Je ne sais comment vous dire mais elle est présente en nous tres tôt dès l'adolescence, le probleme est d'assumer cette position et surtout de trouver son amour. Nous ne voulons effrayer personne et encore moins les gays et lesbiennes que nous respectons. Nous sommes pas capables de choisir mais nous sommes capables d'un amour inconditionnel quand on le trouve.

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