Allons y Gaiement par Corinne Mathieu

Un peu démunie face à la passion qui l’emporte, Léa décide de trouver refuge dans la ville de Rome. Mais Rome est trop orgueilleuse pour accepter d’être le centre hospitalier des cœurs brisés. Elle concocte à notre héroïne quelques surprises dont elle a le secret.
Corinne Mathieu a quelque peu renouvelé le roman lesbien avec la Vie est Gay. Elle récidive avec "Allons y gaiement", un livre pétillant, rythmé et imaginatif. Le genre d’ouvrage qu’on ne peut qu’engloutir tant il met en appétit.
Allons y Gaiement, sympathique pavé de 480 pages paru chez Manzuri éditions

La vie est Gay- Corinne Mathieu

«La vie est Gay», premier roman de Corinne Mathieux, nous fait suivre avec délectation les tribulations d’une Bridget Jones version goudou-un-poil-enragée.
Ad, célibataire entre deux âges, est trop vieille pour les soirées techno et pas assez pour calmer ses angoisses au tilleul-menthe.
Plus préoccupée par le bien-être de sa tribu de copines que par la perspective de la princesse charmante (et du château en kit qui va avec), Ad improvise sa vie au gré des rencontres et navigue dans une galerie de portraits haute en couleurs. Elle fuit le couple et ne cherche pas l’amour… Et c’est bien-entendu quand on ne cherche pas …
Corinne Mathieux porte un regard décapant sur le monde. Sa vision acidulée de l’enjeu amoureux nous donne à lire un ouvrage où le profond se mêle au superficiel, le sacré au profane, et l’humour au suspens. Bref, un roman qui ne manque ni de style, ni de rythme. À dévorer sous la couette ou dans le métro pour faire la nique aux frimas de l’hiver. Orely

Virginie despentes

J’avais oublié qu’elle était si grande, Virginie. Et puis elle s’est assise à mes côtés, vêtue d’un grand pull en angora rouge, une bague à tête de mort au doigt. Elle se ressemble, ses yeux semblent traduire une gourmandise inquiète. Sous les voûtes de la cathédrale de Strasbourg, elle tombe en arrêt devant un christ martyre. Cette ambiance, elle en avait envie aujourd’hui, parce qu’elle sort tout juste du Da Vinci Code, le livre de Dan Brown.

La grande fille du rock est toujours là, bien sûr, et j’ai vraiment envie d’écouter le dernier album de The Libertines. Le succès est au rendez-vous plus encore que d’habitude. Il y a eu la collaboration avec Placebo ( Merci, Brian Molko ! ! ), un blog sur Internet dont tout le monde parle et qui l’éclate vraiment, et un livre, LE livre : « Bye Bye Blondie », celui dont tous s’accordent à dire que c’est son meilleur opus. « Bye Bye Blondie » nous raconte l’histoire de Gloria, internée en HP à l’adolescence. Elle y rencontre Eric et découvre l’amour. Des années plus tard, ils se retrouvent. Gloria traîne toujours dans un Nancy grisâtre au gré de ses humeurs passablement alcoolisées et Eric est devenu un animateur vedette à la télé au sourire Colgate et au compte en banque bien garni. Gloria est-elle prête à changer pour reprendre leur histoire ? Sera-t-elle capable d’abandonner ses démons sur le bord de la route ? Rien n’est moins sûr…« Bye bye blondie » est sans nul doute le livre le plus émouvant de Virginie. Elle ne s’est pas assagie pour notre plus grand bonheur. L’écriture est tranchée, sans concession.
Une écriture qui avait fait trembler le microcosme littéraire avec « Baise-moi », un livre choc qu’elle adapte ensuite au cinéma dans un même parfum de soufre. Un grand coup dans la gueule de la littérature française qui a ouvert la porte à d’autres jeunes auteurs, porteurs d’un style venu des tripes. On boit Despentes comme un short-drink de vodka polonaise, on apprécie et on assume la brûlure !
Interview publiée avec l’aimable autorisation d’Oxydo magazine Thierry Desaules

Interview Amélie Nothomb

Virevoltant avec la grâce d’un pétale de chrysanthème porté par le vent, Amélie Nothomb est un O.L.N.I (Objet Littéraire Non Identifiable). Des tirages vertigineux, des traductions dans le monde entier, des conférences qui frôlent l’émeute…
La divine « graphomane » est devenue en une décennie l’objet d’un culte « so goth’ », unique dans le paysage littéraire français. D’elle, on a tout dit : folle, excentrique, mystérieuse, émouvante, menteuse, cynique…
Afin de pénétrer quelque peu ce qu’il convient d’appeler le « mythe », Nous sommes allés à la rencontre de la dame aux noirs camélias, à l’occasion de la sortie de son roman, « Biographie de la faim », paru aux éditions Albin Michel :

Amélie, plusieurs de vos précédentes œuvres étaient autobiographiques mais se concentraient sur des passages précis de votre vie. « Biographie de la faim » est une autobiographie plus vaste mais vue sous un angle spécifique, celui de la faim : la faim alimentaire, la faim de l’autre…
Vous savez, s’il faut me résumer à un seul mot, le mot « faim » est celui qui convient. C’est la grosse couture qui réunit mes morceaux. Mais ce n’est pas une vraie autobiographie, c’est une biographie thématique.

Vous évoquez notamment l’anorexie, un sujet plutôt douloureux, avec beaucoup d’autodérision… Comment vous en êtes vous sortie ?
C’est une longue histoire d’en sortir… Ce qui m’a sauvée, c’est que mon propre corps a pris le pouvoir. Il faut toujours écouter son corps, il a souvent plus de sagesse que la tête. Et puis l’écriture… m’a rendu un appétit possible. J’ai du mal à comprendre cela parce que je ne vois pas le rapport entre l’écriture et l’appétit. Mais apparemment, il y en a un.

Il y a beaucoup de métaphores alimentaires dans le livre…
Oui. Mais c’est un phénomène de compensation. Quand j’étais anorexique, j’ai lu le dictionnaire en entier… Comme je ne pouvais plus manger d’aliments, je me suis mise à manger des mots.

D’origine belge et née au Japon, on vous sent très déracinée dans le livre…Vous parlez d’un pays imaginaire, l’Etat de Jamais…
Je suis une exilée. Tous les trois ans je perdais tout, sachant que je ne retrouverai jamais rien… Il fallait bien mettre un nom là-dessus: l’Etat de Jamais. D’ailleurs, à la fin du livre, quand je retrouve ma gouvernante japonaise, on sent bien dans cette scène que ces retrouvailles, si émouvantes soient-elles, sont un échec.

Vous évoquez dans vos différentes faims, celle de la beauté de votre mère, de votre gouvernante new-yorkaise… Est-ce que cela a accru votre rejet de vous-même ?
Je ne pense pas qu’il y ait un lien. C’est vrai que je me suis beaucoup nourrie de beauté. Pas seulement de la beauté humaine, mais aussi la beauté du Japon, de la Chine, de New York… Et cela, c’est plutôt de la beauté positive. Ça porte très haut l’idéal et on se dit qu’il faut se mesurer soi-même avec cet idéal. C’est mission impossible ! Mais cela n’a pas été trop… torturant.

Vous avez un rapport très fort à la musique, vous dites que vous ne voyez plus la vie qu’à travers le dernier album de « Muse » ?
Oui. On a tous vécu quelque chose comme ça. Vous découvrez une musique qui vous transporte et soudain tout se révèle vis à vis de cet album et on ne voit pas pourquoi on écouterait autre chose. On devient presque…infréquentable ! ! ! (rires)

Il vous arrive d’écrire en musique ?
Ah non! C’est interdit ! ! ! C’est très dangereux. Quand j’écris, je me mets à la diète musicale. Lorsque j’écris, forcément, j’essaie de faire ma musique à moi. Il faut que je sente la mélodie de la sensation que je cherche à éprouver. Si je me laisse parasiter par une musique extérieure, ça donne quelque chose d’épouvantable !

Deux de vos livres ont été adaptés au cinéma
Avec des bonheurs divers…(rires)
…avez vous eu la tentation de passer un jour derrière la caméra ?
Jamais de la vie ! Non, je ne suis pas quelqu’un de polyvalent. Vous savez, moi, à part écrire mes p’tits bouquins... je ne suis pas capable de faire autre chose, ça règle donc la question. Je ne vois pas pourquoi je m’en soucierais quand tant d’autres s’en soucient. Si vous saviez le nombre de propositions d’adaptation que je reçois pour chacun de mes livres…

Pensez-vous avoir gardé la naïveté et la puissance de votre enfance ?
Je crois que, grâce à l’écriture et à la littérature en général, j’ai gardé un accès direct à certaines jouissances, donc, oui, je pense que j’ai conservé cela.

Votre mère, à qui vous répétiez « Maman, aime moi ! Aime moi ! », vous disait que l’amour se mérite. Vous considérez-vous comme méritante aujourd’hui ?
(Grand éclat de rire) Elle avait tout à fait raison. Il faut savoir que je n’étais pas une enfant qui manquait d’amour. Seulement, goinfre absolue, j’en voulais encore plus ! C’était juste. Aucun amour n’est dû. Maintenant, si je le mérite ? Imaginez un instant que je vous réponde OUI… Ce serait obscène ! (rires)
Interview publiée avec l'aimable autorisation d'Oxydo magazine.

Propos recueillis par Thierry Desaules/ Photos Natacha Wandoch

Modèle de lettre de rupture N°3

Avec maturité
Très chère XX
Il n’est jamais aisé de regarder la réalité en face, surtout quand celle-ci ne nous renvois pas une image de nous-même qui nous plaise. Mon incapacité à t’aimer comme tu es en droit de vouloir être aimée m’est acquise. Tout ce temps que tu as passé à me demander plus, à me demander autrement. Plus de temps, plus d’engagement, plus de confidence, plus de complicité, plus de lien … je n’ai répondu à tes injonctions, légitimes, que par la fuite. C’est dur, mais je crois que la présente lettre sera mon acte le plus respectueux. Pourtant, je t’ai aimée, à ma façon, un peu maladroite, un peu chiche. J’ai cru sincèrement que mon sacro- saint besoin de liberté devait primer sur tout mais je dois admettre que tu as raison. Car à mon besoin de liberté tu répond par ton besoin d’amour criant et -encore une fois- légitime.
C’est pourquoi, je nous invite aujourd’hui à la maturité. Nous avons peur, peur de ne pas être aimée, peur du lendemain, peur de nos casseroles, de nos démons alors nous nous acharnons à construire quelque chose mais les fondations n’y sont pas . Le jeu de miroirs a fonctionné plein pot. Tu as mis une lumière sur mes travers mais mes travers sont aujourd’hui la seule chose qui soit bien à moi. Une béquille sans doute, mais je n’ai pas les moyens de m’en passer, pas maintenant, pas aujourd’hui et pas sur commande.
Je m’en vais donc vers moi, me retrouver, me comprendre. Je suis sincèrement désolée de ne pas avoir pu faire mieux mais chacun son timing, sa progression, son rythme.
Je voudrais avant de m’éclipser te dire que si la passion s’est essoufflée, l’attachement lui reste plus solide que jamais. Et si je n’ai pas été digne de ton amour, j’espère qu’un jour, je serai digne de ton amitié.
xxxxxxxxxx

Lettre de rupture n°2 : fermeté

Je ne veux plus aucune violence, ni la tienne, ni la mienne. Quand deux personnes se rencontrent , l’objectif est clair : s’apporter des choses mutuellement. Mais quand on ne s’apporte plus que violence, il devient impératif de remettre sa relation en question.
Je ne veux plus participer à ce chantier de destruction, et quand je te fais mal, c’est aussi moi que je blesse. Il va sans doute nous falloir du temps pour tourner la page mais nous devons le faire. Je ne te ferai aucun reproche car les reproches c’est à soi qu’on les adresse en premier. Je ne veux ni explication, ni justification , cela reviendrait à une prise d’otages. Je souhaite tourner la page et j’aimerais que tu l’entendes sans penser que je te punis. Cette décision que je prends, je ne la prend pas contre toi mais pour moi. Pour sauver ma peau. Tu trouves ça lâche ? Moi ce que je trouve lâche c’est continuer à se mentir quand alors qu’il n’y a plus rien à vivre.
Je me rends ma liberté et te souhaite de trouver l’amour que tu mérites.
XXXXXXXXX

Modèle de lettre de rupture

Lettre de rupture lesbienne
Modele 1 : En douceur
Très chère x
C’est étrange de se dire aujourd’hui qu’avec tout ce que nous avons vécu notre relation arrive à son terme. Ce que nous avons partagé, cette intensité, ces moments de complicité quand on y est, on se plait à penser qu’ils sont éternels. Ils ne le sont pas ! Et malgré une volonté farouche de parvenir à quelque chose, les écueils sont là, insurmontables !
Notre relation nous a permis de nous grandir, d’apprendre sur nous-mêmes. Les moments difficiles que nous avons vécu bien que douloureux m’ont appris beaucoup sur moi-même et sur toi.
J’en viens aujourd’hui à dire que nous avons le mérite d’avoir essayé. Nos parcours sont différents, nos besoins aussi. Et quelque soit la force des sentiments, nos personnalités ne parviennent pas à s’emboîter.
En souhaitant aujourd’hui sortir de cette relation, je ne fais qu’admettre ma difficulté à te rendre heureuse et à me rendre heureuse moi-même.
Ce bout de chemin que nous avons fait compte et comptera pour moi. Je pense que quand on ne parviens pas à l’harmonie souhaitée, la séparation devient une évidence. C’est une question de respect de soi et de l’autre.
Avec toute ma tendresse XXXXXXX

Love My Life à l'écran

S'il ya un manga lesbien de réference c'est "Love my Life". Sans être révolutionnaire, l'ouvrage d'Ebine yamaji; composé de planches ultra kawai mais sans fioritures a pour ainsi dire imposé un style à contre courant de la tendance au gigantisme nippon qui prévalait au moment de sa sortie en 2001. C'est trois ans plus tard, qu'il est traduit en France ce qui lui permettra d'être dans le top gfive des ouvrages préferés des goudous de moins de 25 ans. Leur ainées étant restés scotchées à Bretecher voire à Astérix.
Ce manga culte vient d'être adapté au cinéma par Koji Kawano. "Love my life" narre la chronique d'un coming out annoncé. Une jeune adulte tentant de trouver la meilleure approche pour annoncer son homosexualité à son père dont elle est très proche depuis le decès de sa mère.

Les non -initiées trouveront sans doute le film gnagnan ou Q.Q-la praline baignant dans une gumauve bien sticky. Les manga girls, incollables sur le yuri savent qu'elles tiennent là ce qu'il convient de qualifier de film culte !

Loving Annabelle

L'histoire : Après avoir été une nouvelle fois virée d’un lycée, Annabelle, aussi sexy que rebelle, se retrouve dans un pensionnat catholique pour jeunes filles. La directrice demande à Simone, enseignante en littérature, de surveiller de près cette étudiante sulfureuse qui ne cache pas son attirance pour les femmes. Simone, plutôt collé monté, vit une relation conventionnelle avec son fiancé, mais l’arrivée d’Annabelle va réveiller chez elle un amour passé et libérer ses pulsions refoulées.
Loving Anabelle renvoie immédiatement sur un autre classique "Jeunes filles en Uniforme". On se retrouve plongé dans l'atmosphère romantique de cet amour lesbien mais surtout dans une tension constante. Evidemment, celles qui ont été amoureuses de leur professeure sans conclure vont pouvoir soigner cette petite frustration. mention très bien pour la réalisation très esthétique et innovante.
Loving Annabelle, film lesbien de Katherine BROOKS avec Diane GAIDRY et Erin KELLY

Hélène et les goudous

De toutes les chanteuses lesbiennes françaises, Hélène Abadie est sans doute celle qui a capté le mieux ces petits riens qui font le sel du couple lesbien. Pétillante et enjôleuse, il ne lui faut pas plus de trois accords pour tisser une complicité avec un public captif. Être étiquetée chanteuse à goudous ne lui fait pas peur, bien au contraire, elle en tire une jubilation puisqu’elle puise son inspiration dans sa propre vie. Une vie peuplée de corps enlacés, de sensualité, de courbes et de musique. Ces aficionadas comptent les jours qui les séparent de la sortie- imminente- de son prochain album. Entretien.

Alors où en est ton album "Valide-moi" ?
Hélène: Il ne saurait tarder, il est parti au mastering. Quand tu fais un album, tu mets beaucoup de toi et plus tu avances vers sa fabrication ; plus, il va en direction du public. Cela doit être le lâcher prise artistique !

Ça te fait peur ?
Peur ? Non, au contraire, il me tarde.

Tu as travaillé avec qui pour l'album ?
J'ai rencontré un pianiste et nous avons bossé ensemble sur « A une note », ma première chanson symbolique, puisque c'est la première que j'ai écrite « sapphiquement ». Pour le reste, je suis en auto-prod, c'est à dire que j'ai tout fait moi-même : les guitares solos, la basse parfois, les harmonies vocales...

Tu préfères le terme goudou ou lesbienne?
Disons que j'aime beaucoup le goût doux que représente le fait d'être lesbienne...

De toutes les chanteuses lesbiennes laquelle te fait le plus triper. Musicalement et sex appealement?
: ...attends je compulse ma mémoire
scan en cours..
humm... je t'avouerais qu'il n'y a aucune chanteuse lez qui me fasse triper. J'ai un faible pour des chanteuses qui ne sont pas forcément lesbiennes.

Comme...?
Musicalement, Véronique Sanson, Skye. En jazz, Katie Melua m'interpelle énormément.

Comment qualifierais-tu, en un adjectif, ton album ?
J'avais le désir de cet album. Même si cela n'a pas été facile tous les jours, je voulais avancer mais en même temps j'étais assaillie par mes doutes, par la peur de ne pas réussir. L'adjectif pourrait être désiré

On a du mal à comprendre qu'avec un talent pareil, tu ne sois pas davantage soutenue. A moins que ce ne soit un choix personnel du genre : « je n'ai besoin de person pour fabriquer du son » !
Non c'est surtout un problème de moyens. Auto-produire un disque et s'équiper en matos, ça coûte super cher aller en studio et se faire produire ça coûte aussi super cher. Pour l’instant, je vis ma musique mais je n'en vis pas.

Une fée qu'à la bosse apparaît devant toi, tu dois faire trois voeux. lesquels?
(raclement de gorge...)
Premier voeu : ramener mon père sur terre.
deuxième : recevoir un bel accueil du public pour cet album, et continuer à faire de la scène et troisième vœu que je garde ma femme près de moi, pour continuer à lui chanter "vivre en couple.. avec toi, c'est merveilleux"
"Valide-moi" - Hélène Abadie. Plus d'infos sur http://www.heleneabadie.com/

Toute toute première fois

Le souvenir de la toute première fois que nous avons fait l’amour est indélébile... (malheureusement pour certaines). Nous publions ici les témoignages des lectrices qui souhaitent partager leurs experiences. Par ailleurs, nous souhaitons vous remercier pour l’ engouement que vous témoignez à cette rubrique, qui visiblement répond à vos attentes. Si vous voulez que votre histoire soit publiée, nous vous invitons à nous l’adresser par mail.

Eliane, 39 ans.

Mon dieu... quel mauvais souvenir ! La première fois, c’était avec une Don Juane qui ne doutait pas d’elle. J’étais terrifiée. Je n’étais pas éprise d’elle, mais je m’étais accordé de faire l’amour avec quelqu’un dont je n’étais pas amoureuse pensant que je serais plus à l’aise. En somme, c’était une initiation et j’étais prête à être une disciple disciplinée.
L’idée que je n’avais encore jamais fait l’amour avec une femme la mettait dans un état d’excitation qui m’amusait presque. Je lui ai envoyé quelques signaux pas très discrets sur mon désir de passage à l’acte, elle n’a eu aucun mal à les décoder. C’était d’ailleurs le genre d’individu qui décodait tout selon un prisme très personnel.
Nous avons fait l’amour, je devrais dire : «baisé» au petit matin, après une nuit de séduction aussi inintéressante que superflue. J’avais beaucoup d’attentes de ce premier rapport.
Dans l’appartement prêté gentiment par ma belle-sœur en échange de la garde du chat, ça a démarré sur les chapeaux de roue. Bien que très androgyne, son déhanchement suggestif était digne d’une actrice porno : pas très naturel. Elle attaqua mon déshabillage avec, je dois le reconnaître, une dextérité qui ne faisait aucun doute sur son expérience. En quelques secondes, ma tenue fut transformée en un amas de fripes à mes pieds sans que j’eusse l’impression d’avoir collaboré.
Très vite, alors qu’on était debout, elle tournoyait autour de moi, m’embrassant ici et là selon une logique qu’elle était la seule à comprendre. Ses gestes étaient saccadés, désordonnés, comme si elle avait envie de me faire trente-six choses à la fois. Je restais inactive, risquant une caresse par-ci par-là, histoire de ne pas sembler inerte. Elle commença à me parler en me disant : «mets-toi comme-ci, mets-toi comme ça». Elle se voulait dominante mais moi, je la trouvais ridicule. Ses propos qu’elle imaginait érotiques, étaient simplement grossiers. Ce n’était pas l’idée que je m’étais faite d’un rapport avec une femme, je fantasmais sur une douceur et une sensualité extrêmes. Son agitation et son ton m’ont exaspérée à tel point que j’ai fini par dire stop ! Je voulais qu’on reprenne de zéro mais dans le calme. Je crois qu’elle me faisait peur. Ma demande l’a vexée, elle a remis son blouson, (elle n’avait rien enlevé d’autre) et s’est dirigée vers la porte en me disant qu’elle perdait son temps avec une débutante et que c’est la dernière fois qu’elle se retrouverait avec quelqu’un qui n’y connaissait rien .

Laure 24 ans,

La première fois que j’ai fait l’amour avec une femme, que j’ai fait l’amour tout court, c’était avec une fille qui le faisait pour la première fois aussi. On était dans le même bahut et on était très amoureuses l’une de l’autre. On ne mettait pas vraiment de mots dessus. Moi je savais que j’allais être lesbienne. Elle, ne s’en doutait pas.
Un soir en sortant du cinéma, on a décide d’aller boire un verre chez moi... enfin chez mes parents à l’époque, (depuis, ils sont en maison de retraite). Pendant le trajet, on n’arrêtait pas de se demander pourquoi on n’était pas attirées par les garçons, enfin moi pas trop, je les trouvais cons. Mais je lui disais qu’un jour on tomberait sur le bon garçon. Une fois à la maison, notre conversation et nos fous-rires nous ayant bien émoustillées, on s’est retrouvées comme des andouilles à ne pas savoir quoi dire. On était dans la cuisine pour ne pas réveiller les parents. Le silence devenait de plus en plus gênant, on osait pas se regarder. J’étais bien consciente que j’avais envie d’elle ... Elle m’a avoué plus tard qu’elle avait juste envie de se blottir dans mes bras. Bref, je finis par décider de l’embrasser. Je me disais au fond de moi : « au pire elle ne me parle plus, ce qui n’est pas très grave puisqu’on est pas franchement des copines de longue date». Quand je me suis penchée pour l’embrasser, elle a posé sa main sur ma bouche et a hoché la tête en signe de contestation. Elle m’a dit simplement dit : «je ne sais pas comment on fait». J’ai retiré sa main de ma bouche et je l’ai embrassée longuemen, puis j’ai dit : «on fait comme ça». Elle m’a dit qu’embrasser, ce n’est pas ce qui l’inquiétait, mais le reste...Vu que c’était la première fois pour elle comme pour moi, on a décidé d’explorer. On s’est caressées longuement et à chaque étape on réfléchissait à la suivante. J’avais très envie de me glisser entre ses jambes mais je ne savais pas si c’était ce qu’elle voulait et ne voulais pas non plus l’effaroucher. Une fois qu’on n’en pouvait plus d’excitation, on s’est allongées l’une à côté de l’autre et on a continué à se caresser jusqu’à l’orgasme qu’on a eu en même temps. On a recommencé plusieurs fois cette nuit-là et je crois que j’ai fait plus de choses cette première fois que depuis, avec d’autres femmes.

Marie 44 ans.
Elle était ma meilleure amie depuis sept ans. Nous étions mariées à deux garçons gentils et ni l’une ni l’autre n’avions d’enfant. Notre relation présentait un caractère passionné, on s’en accommodait comme on s’accommodait des crises de déprime quand l’une ou l’autre devait s’absenter quelques jours.
Elle me répétait inlassablement qu’elle me trouvait très belle et que mon mari ne me méritait pas. Il lui arrivait de poser sur moi un regard intense... Ça me plaisait.
Un jour, sur une terrasse de café, elle me complimenta sur mon apparence plus longtemps que d’habitude, en finissant par cette phrase que je ne suis pas prête d’oublier : «Tu me fais regretter de ne pas être un homme». Elle s’est éclipsée ensuite aux toilettes, me laissant pantoise devant cette déclaration.
A son retour, je ne sais quelle pulsion mystérieuse m’a fait dire : « Tu n’as pas besoin d’être un homme !» J’ai vu son trouble et aussi sa joie. Nous avons réglé l’addition et sommes montées dans ma voiture. Les portières à peine refermées, je me suis surprise à me jeter sur sa bouche et l’embrasser. Nous avons fait l’amour dans cet espace exigu qui camouflait à merveille nos éventuels maladresses. Nous avons eu un orgasme simultané.
Nous n’avons plus jamais reparlé de ce qui s’était passé et nous n’avons jamais recommencé. Moi, ça m’a permis de découvrir mon attirance pour les femmes. Elle est revenue naturellement vers son hétérosexualité.
Cela fait cinq ans maintenant... J’ai eu deux histoires avec des filles depuis, mais je n’ai jamais revécu l’intensité de cette première fois. Peut-être qu’un jour je la rappellerai pour récidiver.

Nos vies bouleversées

Nurit, mère de deux enfants a du mal à concilier son travail de conductrice d’autobus et l’éducation de ses enfants. Sa relation avec son mari, sans emploi, se dégrade de plus en plus. Lasse, elle décide de quitter sa province et d’aller s’installer à Tel Aviv avec ses enfants. Elle emménage alors dans un quartier « insecure ». Sa vie professionnelle lui prend tout son temps et son rapport avec ses enfants s’en ressent. Elle décide de passer une annonce pour rechercher une nourrice qu’elle hébergerait en échange de différentes tâches ménagères.
Mushidi, nigériane et mère d’un enfant, occupe le poste. Sa gentillesse et sa joie de vivre apporte un peu de gaieté dans la dure vie dure Nurit. Une complicité s’installe entre les deux femmes et se teinte peu à peu de désir…
Avec ‘Nos vies bouleversées’, Shahar Rozen, dont c’est le premier film, nous propose un Israël théâtre de vie et d’amour, aux antipodes de l’image véhiculée par les médias.
Ce film aurait pu être un hymne à la liberté de la femme si la fin de l’histoire ne livrait une société normative triomphant des tentatives d’épanouissement et d’indépendance. Le réalisateur parvient néanmoins à ouvrir un chemin à l’espoir en posant un regard tendre et lucide sur la place de la femme dans la société et en mettant en lumière tous les sacrifices que certaines femmes- sont obligées d’accomplir pour prétendre à une vie décente.
‘Nos vies bouleversées’, réalisé par Shahar Rozen, avec Anat Waxman et Nathati Moshesh, édité par Antiprod.

Ani DI Franco : Volutes vocales

Ani Di Franco n’est pas née de la dernière pluie mais peut-être plutôt du dernier orage. Elle affiche trente et un printemps avec l’insolence de son talent. Si en France sa voix coule dans quelques conduits auditifs privilégiés, elle a, outre-Atlantique, largement redessiné les contours du paysage musical : deux millions et demi d’albums vendus sans rien concéder aux standards commerciaux. Indépendante, elle a créé son label (Righteous Babe Records) pour ne rien devoir à personne. Ces cinq albums et ses collaborations prestigieuses avec Prince ou Maceo Parker n’ont pas eu raison de son humilité.
Même si pour certains morceaux, la filiation musicale avec Alanis Morissette se passe d’analyses ADN, l’ensemble de son œuvre se détache nettement de tout ce qui s’est fait dans le registre. Depuis ses débuts, elle a navigué parmi tous les styles, du folk punk au jazz funk avec, à chaque nouvel album, le même constat : convaincante ! Le secret : ses volutes vocales, capables d’habiller n’importe quel tempo d’un swing qui reste sa marque de fabrique exclusive.
Ses paroles grattent les plaies. Son engagement pour les droits des femmes, la visibilité homosexuelle ou encore contre la peine de mort ont forgé son style poétique et bien trempé. Chaque chanson est une urgence et une confidence qui tisse un lien avec son auditeur proche du lien des amants.
Dans le morceau« Fuck you » qui figure sur l’album «Dilate», elle repousse les limites de la poésie des tripes.
«Knuckle Down», son dernier album, sensuel et trouble est simplement poignant. Se passer de l’œuvre de cette artiste bouleversante porte un nom : le masochisme... et devrait être classé par l’OMS comme une pathologie lourde.

Rupture : dix raisons de se réjouir



(by Orely - photo Alix Hafner)
1/ Plus de place dans le lit. Et c’est bien pratique quand on passe sa nuit à se retourner sans cesse et à pleurnicher. Finis aussi les réveils en pleine nuit par une sorte de pitbull hargneux sous le fallacieux prétexte qu’on « ronfle comme un charcutier alcoolique » ! Et puis pour ramener ses futures conquêtes, c’est quand même plus confortable, non ?
2/ Un certain détachement face aux petites choses matérielles de la vie. Dormir, travailler, manger… tout nous paraît soudain de peu d’intérêt. Rassurez-vous, l’ascétisme prend fin en quelques jours, le temps nécessaire pour perdre une taille de pantalon, et rentrer à nouveau dans celui qu’on portait quand on l’a rencontrée. C’est vrai qu’il nous fait un beau petit cul !
4/ Des obligations familiales (ou amicales) en moins. On ne lui avait jamais trop dit, mais franchement sa mère, son père, son collègue Marc ou sa copine Fatima, ça va bien cinq minutes, et encore une année sur deux ! En plus faire sauter le déjeuner dominical à Passy, c’est tout ‘bénèf’ pour récupérer de sa méchante cuite du samedi soir (rupture excuse)!
5/ La totale maîtrise des programmes TV. Même les pires daubes à des heures pas possibles, ou au contraire les Théma d’Arte avec film d’auteur finlandais et sous-titres rikikis. Pareil pour le choix des DVD à louer, la taille de la pizza (avec supplément double fromage per favore), l’option au fond du lit ou sur canapé, et notre tenue de combat spéciale « je suis seule contre le monde entier », justement ce vieux pyjama qu’elle avait voulu nous faire jeter. Comme quoi on a eu raison de résister à sa manipulation névrotique (oui, on vient de finir le dernier Psychopathologie Magazine spécial rupture).
6/ Une vie sociale de jet-setteuse. Soudainement, on se sent plus proche des autres. On rappelle la famille, même un peu éloignée, les vieux potes qu’on avait plus ou moins perdus de vue, les copines qu’Elle rechignait à inviter, et bien sûr les indétrônables de notre carnet d’adresses, temporairement délaissées pour cause de crise conjugale. On ne refuse plus une seule invitation à sortir, même par de vagues connaissances, et on se surprend à discuter spontanément avec le couple de la table d’à côté. Et là on commence à se dire que, si elle n’a pas su nous apprécier à notre juste valeur, d’autres peuvent s’en charger.
7/ Une amitié renouvelée avec notre ex-Ex. Celle d’avant Elle. Comme c’est bon de discuter avec une ex qui n’a plus rien à vous reprocher, et dont l’évocation n’amène ni yeux humides ni boule dans la gorge ! En plus elle est hyper d’accord pour critiquer la nouvelle ex et épouser tous vos ressentiments. D’ailleurs, elle nous avait dit dès le début que cette fille n’était pas pour nous. Tant de sollicitude, c’est touchant. Attention toutefois à ne pas se laisser «toucher», au sens concret du terme, par l’ex-Ex sous peine de se souvenir très vite du pourquoi de la rupture d’alors et gâcher cette récente amitié par un nouveau statut d’ex-ex-Ex, assez incompatible avec la sollicitude pré-citée.
8/ Un relationnel pacifié. Depuis qu’on sait qu’Elle se vautre dans le stupre et la guimauve avec l’Autre, toute notre agressivité et nos petites humeurs de bouledogue sont focalisées sur les deux traîtresses. Du coup nos habituelles têtes de ‘trucs’, collègues, famille, voisinage, nous trouvent soudainement adoraaable et se montrent hypeeer sympas avec nous. C’est-y pas magnifique un monde de paix et d’amour ?
9/ Une vision latérale à double détente. Première phase : une vision un peu floutée où l’on repère toutes celles qui Lui ressemblent. Le trouble s’accompagne généralement d’un pincement dans la partie gauche de la poitrine, plus ou moins douloureux, voire d’une légère nausée. Deuxième phase : notre regard s’élargit et l’on constate que d’autres filles ne Lui ressemblent pas, et qu’ Elles pourraient bien nous plaire ! Les symptômes associés vont du simple relevé de commissures de lèvres à une forte chaleur dans le ventre, oui, là, plus bas, en passant par des battements de cœur accélérés. On apprécie. On fantasme. Et plus si velléités.

10/ Un potentiel sexuel débridé. Maintenant qu’on porte des lentilles et ce vieux jean qui nous fait un beau cul, qu’on a un agenda mondain digne d’une diva du Marais, qu’on a re-laissé tomber notre ex-Ex et récupéré notre vision latérale dans les soirées goudous, on commence à envisager de re-remplir ce grand lit qu’on a pour nous seule. Et là on s’aperçoit que la rupture est LE plus beau cadeau qu’Elle nous ai fait : la renaissance du jeu de séduction, en toute liberté et en toute impunité, au gré de nos envies et de nos rencontres. Sentir le désir dans le regard de l’autre, se sentir soi-même troublée, se chauffer par des sourires, des effleurements et des petites phrases ambiguës, puis goûter une nouvelle bouche, une nouvelle peau, comme c’est bon ! Dire qu’on avait failli l’oublier…

A tout rompre

Qu’ y a t-il avant la rupture ?
Prenons l’exemple d’un objet qui se casse. Avant, il était un, intègre. On pouvait le nommer : un vase, une assiette, un verre… Il se brise : il n’a plus de nom, il n’est plus qu’une somme de morceaux épars. Il ne sera plus jamais vase, assiette, verre. Il y a eu rupture. Quand il s’agit de deux personnes liées par l’amour, la rupture est la même.

Avant, il y avait fusion, serments, serrements… et une volonté de croire en une histoire pouvant se nommer ‘couple’, ‘entité’.
Après la rupture, il reste deux êtres dépouillés d’une histoire qui leur donnait la possibilité de se voir un, inséparables : deux histoires au lieu d’une. L’équilibre est rompu, le rythme aussi.
Il y a cessation, coupure dans le quotidien. Je parlais avec lui, avec elle. Je parle maintenant avec moi, de lui, d’elle.
Le tissu de nos rêves, de nos désirs est déchiré. Plus de ‘nous’, l’autre parle de son côté, moi du mien.
Si s’aimer, c’est regarder ensemble dans la même direction, après la rupture, le paysage que je contemple n’a plus l’approbation de l’autre.
Quand le ‘nous’ qui construisait la vie sur les mêmes fondations n’existe plus, il reste le désert - ponctuel - à accepter.
Le ‘nous’ ne refera pas les mêmes gestes, jamais plus.
D’abord la séparation des corps : ses yeux, son sourire, son odeur, sa voix, ses peurs… jamais plus.
Je redeviens une, une demie ?
Après la séparation des corps, déjà si nostalgiques, la séparation des âmes, plus difficile encore.
Elle/il existe quelque part - ailleurs - moi aussi et jamais plus ‘nous’. Ce visage si souvent aimé, caressé, contemplé ne se regardera plus. Terrible constat.
Seule possibilité pour ne pas m’enliser dans le regret, le grief, le remord, la culpabilité : je regarde devant. Et là, quand j’émerge de la prison confortable du couple, je vois à nouveau les alentours. Les autres existent, je redeviens humble, je reviens vers la vie. Jusqu’à un autre, qui rendra possible à nouveau l’illusion d’être ‘un’ à deux. Et qui sait, ce sera peut-être la/le même !
Pour sortir de ce cercle vicieux, vicié, prenons de la hauteur avec les maîtres zen et écoutons ce qu’ils ont à dire sur l’individualité occidentale :
« N’oubliez pas que la personne qui vient faire ses adieux n’existe pas. Ni la personne à qui elle vient faire ses adieux. Ni le lieu où la scène se passe ».
Je n’existe pas, tu n’existes pas. C’est ce qui s’est passé entre nous qui existe, c’est la relation qui existe (ou qui a existé), ce souffle qui nous mêle et nous soulève. Le vivant est cet espace entre toutes nos expériences.
« Et de défaite en défaite, il grandissait » Rilke.
Nous vivons et nous mourons de nos images, pas de la réalité. La réalité ne peut rien contre nous. Elle n’a pas de pouvoir. C’est la représentation que nous en avons qui nous tue ou nous fait vivre.
Je m’empêtre dans ma relation amoureuse en rendant l’autre responsable de ma survie. C’est un contrat de vampirisme mutuel, une mendicité de l’amour.
M’abandonner après tout ce que j’ai fait pour toi ? Mais personne ne nous doit rien !
Quelles qu’aient été les déceptions, les trahisons, peu importe…
« Abandonnez toute expérience, vous qui entrez » Dante
Aimons sans espoir, sans attente, sans représentation.
par Claude D

Voulez-vous rompre avec moi, ce soir ?

Voulez-vous rompre?
Ou bien est-ce seulement un test ?
Je dis au revoir pour voir et elle ne me retient pas. Rêve de rupture.
Ne rêve pas, un électrocardiogramme plat comme ça, c’est rare... Ou bien à le chercher dans la première semaine : on ne sait pas pourquoi on s’est revues, désoeuvrement, curiosité (c’est déjà ça), besoin sexuel, puis point d’interrogation des deux côtés. Parfois on reste, pensant que l’amour vient après (‘Love don’t come easy’, Cindy Lauper). Mais la rupture peut déclencher une prise de conscience et être le début d’une relation.
Alors on sait au moins pourquoi on se remet ensemble. Eloge de la rupture.
La rupture doit au moins être une mise au point. Si je quitte quelqu’un sans lui donner d’instruments pour me retenir, c’est que je suis déjà partie. (Je suis venue te dire que je m’en vais et que tes larmes…Gainsbourg). Comme le trappeur, j’ai effacé mes traces et j’ai disparu comme par enchantement. Ce genre de rupture est aussi compliquée à réaliser que cruelle.
La plupart du temps, la réalité matérielle (des affaires en commun) nécessitent la plus grande diplomatie. Je veux me départir d’une nuisance mais je n’ai pas dit de tout. Si le confort m’a fait supporter cette relation, acrobatique dans d’autres domaines, c’est que bien évidemment il compte pour moi. Dilemme. Bon, venons-en à la rupture. Est-ce vraiment l’océan de douleur qui me dissuade de partir ? La rupture a un caractère théâtral qui me donnera de l’importance et à elle aussi. Moi je vais briller par mon absence. Je vais me sentir super aimée, sans les nuisances (le rêve !). De l’autre côté, elle devrait être flattée, au moment où je la quitte, d’avoir réussi à me coloniser tout ce temps. Elle n’est pas si mauvaise, c’est bien pour çà qu’elle est encore là. Si je la soupçonne d’incapacité, de froideur, si elle m’a polluée de sa jalousie, etc., si elle m’a occupé l’esprit au point d’être devenue indésirable, c’est quand même un exploit. Je dois m’avouer que j’ai aimé sa combativité, son opiniâtreté, son sadisme même.
Mais une rupture devrait être historique. Pas plus de deux ou trois ruptures par relation ! Si je romps trop souvent avec la même personne, comment vais-je faire quand j’aurai l’intention de rompre vraiment? Il n’y a que deux jokers dans un jeu.
Avant d’abattre toutes mes cartes, je peux toujours essayer l’absence pour commencer, un petit peu d’absence manifeste sous des formes diverses : nouvelles activités, nouveaux contacts, nouvel espace où elle ne sera pas invitée. Si elle se montre au garde-à-vous, toujours collée, j’aurai le choix de trouver ça lourd ou léger !
Je n’oublie d’ailleurs pas que notre époque nous a mis à disposition une carte difficile à négocier, mais bien pratique quand même : le break. Pendant le break, elle ne sera pas non plus invitée, sauf à oublier mon numéro. Ne sera pas même mise au courant, j’ai besoin de souffler, son poids me donne des ailes. Le break est une rupture miniature qui est censée éviter que nous nous déchirions mutuellement quand ça devient déchirant. Elle qui reste sur le quai devrait en profiter pour réfléchir sérieusement au registre ‘remise en question’ et de fond en comble. Car un break, elle devrait le savoir, c’est mauvais signe. Si tu as des excuses à faire, n’attends pas un seul jour. Déjà, n’attends pas que je te pardonne si tu ne me l’as pas demandé.
Comprends que je veux passer à autre chose maintenant et ne reste pas comme une automate à jouer au même jeu qui m’ennuie. Tu as oublié que la règle, c’est de ne pas se prendre au jeu. C’est ne pas vouloir gagner à tout prix. Et cette manie que tu as de tricher… tu ne m’as pas bien regardée pour me la jouer comme ça maintenant! Tout le monde est toujours libre, malgré les contrats.
Je ne vais pas lui faire croire que c’est elle qui me quitte, je vais lui demander de me laisser partir. Quand on n’a pas réussi à se faire une vie pour deux, où chacune trouve sa place et se sent bien, c’est que c’était déjà ma vie contre la sienne, nous nous vampirisions, surtout elle. C’était ou moi ou toi, mais pas nous. Dorénavant je ne parlerai qu’à la première personne. Le nous nous amène trop vite au tu. Tu c’est un autre je. Montre-toi, au lieu de m’adresser tes reproches, annonce quelque chose, propose quelque chose. Cultiver sa forme, sa visibilité, s’exprimer dans ses désirs n’est jamais perdu. Dès que je crois savoir pour toi, je t’empêche de sortir du bois. Dangereux, la vie à deux !
Si la rupture n’est qu’un écho quand l’amour est déjà mort, à la peine d’amour s’ajoute péniblement le sentiment d’échec. Les reproches sont ‘petit joueur’. Je n’ai pas besoin de me déculpabiliser, ce n’est pas élégant. Il faut savoir assumer.
La rupture n’est jamais aussi douloureuse que quand elle vient achever, telle une hache à couper le beurre, notre amour vacillant. Comme un enfant, l’amour supporte tout, qu’on le transperce ou qu’on le déchire, il est plastique et continue à sourire longtemps. On croit qu’il est résilient, que c’est une fiction, mais sa réalité le rend lui aussi mortel. Pour le tuer, il ne faut pas y aller de main morte. Rompre est un coup qui se veut fatal. Mais la fin de l’amour ne coïncide pas avec la rupture (je ne t’aime plus depuis que tu m’as larguée ou je ne t’aime plus depuis que je t’ai larguée).
La rupture est souvent une fuite. Parfois salvatrice. Dix de perdues, une de retrouvée : moi !
Celle qui soupire encore, qu’elle se réjouisse car c’est ce qu’elle peut espérer de mieux. La compulsion d’errer sous mes fenêtres laissera tôt ou tard, je n’en doute pas, place à «un seul être vous manque et tout est... repeuplé».
Sinon, va consulter !

zoom sur le site de rencontres lesbiennes ELSM


Efficacité et simplicité, voilà les deux principes mis en œuvre par le site de rencontres lesbien http://www.elsm.ch/. Deux principes qui lui ont permis d’atteindre une grande notoriété mais aussi de réussir là où les autres ont du mal : fidéliser les internautes en quête de rencontres de qualité. Kathy, à l’origine de l’initiative répond à nos questions :

Depuis quand votre site existe t-il et pourquoi et pour qui l’avoir créé ?
http://www.elsm.ch/ existe depuis 1999. Les raisons de sa création sont multiples. Pour aller à l'essentiel les rencontres entre femmes en Suisse romande ont été une source d'inspiration à notre démarche, ce lieu virtuel de rencontres, d'informations et d'échanges a pour but de faire sortir les femmes de l'isolement et de leur permettre de rompre leur solitude. en côtoyant d'autres femmes.

Vous avez réussi à imposer ELSM dans la rencontre lesbienne sur Internet et pas seulement en Suisse Romande. Comment avez-vous fait ?
C'était assez facile car à l'époque http://www.elsm.ch/ était le seul site de rencontre pour les lesbiennes en Suisse romande. Alors avec un peu de pub et le bouche-à-oreille nous avons pu nous imposer assez rapidement et dépasser ainsi les frontières en créant un pont entre les lesbiennes de Suisse romande et de France.

Pensez-vous que pour trouver l'âme sœur, les sites internet soient devenus incontournables ?
Les sites de rencontres ne sont pas incontournables mais il est vrai que c'est un bon moyen de rencontrer des gens. C'est une solution de facilité, il n'est pas donné à tout le monde d'être à l'aise en société. internet est un moyen de sortir de son isolement et de sa timidité, et pourquoi pas trouver des amis ou éventuellement l'âme sœur Tout le monde n'en a pas besoin. mais je pense que c'est une méthode comme une autre de rencontrer quelqu'un .

Organisez vous des soirées pour vos membres ?
Oui 4 à 5 fois par année. Sans oublier les deux soirées Elsm Ladies Night & Friends que propose le 43&10 Club une boite gay Lausannoise tous les mois

Girltrash

Les mordues de séries télé peuvent se réjouir. Voici venu le temps de la web série podcastable ou nano-Ipodable. Loin de perles pixellisées de Youtube, les web séries vous tiennent en haleine avec un scénar qui tient la route et des actrices confirmées. Kate Moennig, icône L wordienne avait d'ailleurs participé à l'une d'entre elles..
Mais la série qui cartonne en ce moment c'est Trash girls. Cinq filles en virée haletante dans un Los Angeles dark et intense. Envie de découvrir ?
http://www.ourchart.com/girltrash

Lesbians On Ecstasy

Ok, cela fait 5 ans que vous avez le même poster dans l’entrée avec ZE lesbian group : Le Tigre ! Le moment est venu de l’arracher et le remplacer par un autre qui fera un super effet à vos visiteurs (surtout les parents): Lesbians On Ecstasy !
Bien dans la mouvance du Tigre dont elles ont fait longtemps les premières parties, les Lesbians on Ecstasy- LezzOnEx pour les intimes- se mettent en tête de réinventer les watts et elles y arrivent ! Leur premier album éponyme est livré en 2004, il fait sensation puisqu’il est élu par le magazine the Advocate meilleur album de l’année sans qu’elles aient été obligées de coucher avec le staff du magazine (ouf !)
En 2005 , le 4 meufs (Bernie, Vero, Jackie et fruity Franky) embrayent avec « Giggles in the Dark, » une mise en demeure sonore avant l’assaut qu’elle donneront en 2007 avec l’album « We Know, You Know », produit inflammable à déverser sur les dance floors . Leur credo ; reprendre les tubes des plus grandes chanteuses lesbiennes et les arranger à leur sauce : féroce !
Vous voulez goûter ?
http://www.youtube.com/watch?v=eQ8KJSi_OCw

Ma première expérience homosexuelle

(par Orely C)

À 25 ans, dont 10 de bons et loyaux services hétérosexuels, j’en avais marre des mecs : marre de leur virilité susceptible, marre des rapports de force, marre de les materner, marre de leurs pulsions sexuelles parfois brutales et toujours impétueuses, marre de leurs barbes, leurs bides, leurs bites, marre, marre, marre ! Même mes « potes » me gonflaient. Je me prenais à fuir tout ce qui portait des couilles. Mon refuge, je le trouvais auprès de mes copines lesbiennes. Avec elles, je me sentais revivre, m’amuser, m’affirmer... enfin respirer! Je me mis donc en tête de rechercher ma princesse charmante, celle avec qui je formerais ce couple beau et complice, aux caresses chaudes et délicates, et où la lingerie se partage plus facilement qu’un programme TV les soirs de foot. Le total dream quoi ! Je fréquentais donc les bars de filles et les soirées pulpeuses, mais en vain. Complexée par mon inexpérience, je me sentais gauche et maladroite. Les filles qui me plaisaient me faisaient un peu peur, et celles à qui je plaisais tenaient de la chasseuse « macha », trop proches du modèle que je fuyais. Enfin… un soir où j’enfilais les pintes avec des amis dans un pub ce-qu’-il-y a-de-plus-hétéro.. je LA remarquai. Frêle, visage androgyne, délicat et innocent à la fois. Sa posture, ses gestes, son sourire, ses cheveux ras, tout en elle me faisait penser qu’elle était lesbienne. Puisant mon courage dans une pinte supplémentaire, je profitai d’un moment d’agitation pour aller l’inviter sur la piste. Elle accepta en souriant, et nous commençâmes à faire connaissance par bribes entre mes déhanchés plus que suggestifs. J’appris qu’elle était irlandaise, en stage à Paris depuis deux mois, qu’elle s’appelait Jenny et ne parlait pas français. Elle ajouta qu’elle m’avais remarquée plus tôt dans la soirée et trouvée très jolie. Wahou ! Surexcitée, je me sentais femme chasseresse, irrésistible et sexuelle. Ça y est, c’est parti, Orely est dans la place, planquez vos femmes, vos sœurs et vos filles (pour les grands-mères ça va aller !) Je me collais langoureusement contre son corps, et attrapai sa nuque pour lui voler un baiser passionné. Mon cœur battait à tout rompre et mon ventre débordait d’une chaleur nouvelle. J’entendis dans mon dos une voix couillue : « Hey, c’est dégueulasse ! Aller faire vos cochonneries ailleurs !». Je me retournai aussi sec et toisait le mec : « Si ça te gêne, t’as qu’à sortir ». Il nous dévisagea puis prit une mine contrite et s’excusa. Une grosse bouffée de fierté m’envahit. Putain, je vivais mes émotions au vu et au su de tous et j’assumais parfaitement ! Finalement, c’était pas si difficile de se faire respecter. Je retournai à ma Jenny pour un nouveau baiser, cherchant à sentir sa poitrine contre la mienne. Je sentis son buste fragile, et cette fragilité même compensa la sensualité des seins que je ne parvenais pas à sentir. Tant pis ! Je saurai les aimer quelque soit leur taille. Émue et limite tremblotante, je lui proposai de me suivre dans un autre bar, plus féminin, lui glissai-je à l’oreille. Elle sourit en m’adressant un clin d’œil. Nous saluâmes nos équipées respectives, et nous nous retrouvâmes pour un long baiser sur le trottoir. Direction l’Unity, le bar lesbien le plus proche. En chemin, elle me raconta son stage, sa ville en Irlande, ses sœurs… Je ne l’écoutais qu’à moitié, fantasmant déjà sur la nuit torride qui se profilait devant moi. Nous prîmes une table isolée au fond du bar tandis que les « pillières » de comptoir habituelles s’accaparaient le billard. Sous la lumière des néons, je
fût surprise de constater sur le visage de ma Jenny les traces d’une fine moustache. Je repensais aussitôt à l’article que j’avais lu sur les Drag Kings londoniennes, qui prenaient des hormones et se laissaient pousser le bouc. Oh non, ma Jenny ! Je saurai te convaincre de revenir à ta féminité… Au fil de la discussion, je remarquais progressivement que Jenny parlait d’elle au masculin. Lorsqu’elle me corrigea pour me dire que son prénom était Jonny et pas Jenny, un doute affreux m’assaillit. Je ne pûs retenir ma question « But are you a boy or a girl ? ». « A boy of course !” me répondit-elle, t-il, très surpris. « You thought I was... oh, I see... you are lesbian!». J’étais en état de choc, mon excitation évaporée, remplacée par une confusion humiliante. Oh merde ! En fille, son ambiguïté me troublait, mais en mec… ça ne me disait rien du tout. Je le trouvais même repoussant. Je m’excusai de ma méprise, accusait l’alcool et tentait de le rassurer sur sa virilité. Triste, déçu mais sans colère, il me dit au revoir et quitta la table. Je restai interdite quelques minutes avant de me mettre à pouffer doucement à cette conclusion : j’étais la lesbienne la plus ratée de la planète ! Orely

Portia De Rossi n'aime pas tourner les scènes lesbiennes de Nip Tuck

Portia de Rossi ne prends pas son pied à rouler des patins à Joely Richardson dans la série Nip Tuck. Déjà qu’elle était moyennement chaude pour tenir ce role de goudou et sans les encouragements de sa chère et tendre Ellen de Generes, elle n’y serait pas allée.
Joely par contre, a l’air de trouver tout à fait sympa les séances de câlinothérapies avec Portia De rossi . Comme d’hab, les hétéros ne sont pas bégueules . Bien sûr les rumeurs vont bon train sur une éventuelle liaison entre Portia et Joely mais cette dernière dément catégoriquement. Et puis franchement, le couple lesbien le plus glamour du monde a l'air d'être construit sur du solide.

Agnès Giard : le sexe bizarre

Vous avez consacré un ouvrage aux sexualités «atypiques». Existe-t-il un profil ou un point commun entre les personnes qui s’éloignent du modèle dominant ?
Non. Dans le sexe bizarre, on trouve une catcheuse américaine de 136 kilos qui marche en talons-aiguilles sur des hommes-carpettes, une boulangère parisienne qui rêve de se faire avaler par un crapaud géant, une dominatrice professionnelle hollandaise qui a transformé son mari en poupée Barbie plastifiée (voir photo), une journaliste japonaise qui se déguise en extra-terrestre vert pomme… Rien ne les unit, ni l’éducation, ni la culture, ni le niveau socio-professionnel. Aucune n’a subi de traumatisme particulier dans l’enfance.Ces femmes n’ont parfois même pas eu conscience de s’éloigner d’un modèle dominant !Leur seul point commun, à mon sens, c’est que toutes ont grandi avec des fantasmes pas très courants auxquels elles ont laissé libre cours, en refusant de se censurer. Simplement, elles ont vu que certains scénarios érotiques leur procuraient un plaisir incroyable et elles ont décidé d’explorer ce domaine comme un monde enchanté. Dans mon livre, il y a des femmes qui trouvent qu’un ballon rouge, c’est sexy : elles le gonflent et quand le ballon explose, elles explosent aussi. D’autres disent qu’un énorme pot de yaourt, c’est aphrodisiaque. D’autres appuient spasmodiquement sur la pédale d’accélérateur de leur voiture… parce que c’est érotique. J’ai voulu montrer dans le «Sexe Bizarre» que le monde entier est rempli d’érotisme et que chaque objet - même un aspirateur ! - peut devenir un objet de désir ou de séduction. Pour certaines personnes en tout cas.

Ces dernières années ont vu l’émergence d’une sexualité féminine médiatisée notamment par Despentes ou Millet : quel en a été le déclic ?
Je ne vois dans l’oeuvre de Catherine Millet que l’émergence d’un puritanisme rétrograde : la sexualité qu’elle montre est triste, mortellement ennuyeuse… tue-l’amour ! C’est du gâchis. Ce n’est pas parce qu’elle a beaucoup fait l’amour, dans des clubs échangistes ou des soirées privées, qu’elle a fait preuve de subversion et de liberté. Besogneuse, elle baise au compteur, elle met ses désirs à l’usine des rendements. C’est d’une pauvreté affligeante. Aucune joie dans cette sexualité compulsive, ni exaltation, ni féerie, ni appétit, ni imagination, ni bonheur de vivre. Elle ne donne pas envie. Si c’est ça la sexualité féminine, il n’y a plus qu’à se suicider !Pour moi, les artistes soi-disant subversives qui mettent en scène le dégoût de la chair sont aussi dangereuses et nocives que les intégristes. Peut-être même plus, parce qu’elles avancent masquées.Maintenant, pour en revenir à la question, je pense savoir pourquoi on assiste depuis six ans à la multiplication d’auto-fictions érotiques écrites par des femmes : ça fait vendre. C’est comme la télé-réalité : il y a du vrai sexe, des vrais gens, du vrai voyeurisme… Que demander de plus ? De l’esprit ?

Chez les lesbiennes, on est passé d’une sexualité totalement invisible à une autre, suraffichée. L’émergence du mouvement Queer a décomplexé l’échangisme, le SM et même les lesbiennes baiseuses de pédés. Pensez-vous que le sexe soit un moyen d’affirmation de soi, voire de militantisme pour l’égalité ?
Le sexe est devenu un terrain d’action, comme la musique. Il y a d’abord eu les balancements de pelvis scandaleux du rock à la Presley. Puis les looks androgynes-décadents de Bowie affichant sa bisexualité. Puis les tenues SM-fetish des punks qui tenaient leurs copines en laisse, pour dénoncer en la parodiant l’institution du mariage. Puis l’explosion du mouvement guérilla-girl avec des groupes aux noms explicites : Bikini Kill (massacre en bikini), Bratmobile (les petites putes au volant), Free Kittens (les minous en liberté), Babes in Toyland (Alice au pays des vibros)… Rachel Orviro, porte-parole du mouvement Riot-girl, proclame : « Se sentir bien parce qu’on est le centre de son propre univers, envoyer paître les conventions, s’habiller pour s’affirmer, s’amuser sans culpabilité : voilà les choses qui font de nous des filles, des vraies». La révolution, c’est aussi simple que ça : sexe, fun et rock’n roll. Tous les moyens sont bons ! Le sexe, la mode, la musique ou l’écriture. Tout, pourvu que ça soit brûlant, intense et jouissif. La mode, par exemple: rien de plus important que s’habiller comme on veut. Il peut sembler excessif (ou dérisoire, au choix) de dire qu’on se bat pour l’égalité des minorités sexuelles en portant un pantalon en vinyle ou un treillis. Et pourtant, c’est vrai : essayez de tenir tête à tous ceux qui vous insultent dans le métro ! Le fait-même de porter une mini-jupe est un combat, y compris contre ceux qui vous veulent du bien : «Pourquoi afficher ta sexualité ? Pourquoi mettre un collier de chien et un maquillage trop noir? C’est ta vie privée, ne la balance au visage des autres. Ou alors, tire les conséquences de tes actes et ne te plains pas de te faire agresser». On a longtemps justifié les viols ainsi. Pour reprendre les propos d’un ami très cher - Francis Dedobbeleer, qui organise des soirées-fétiches à Paris depuis sept ans : «Pourquoi les gens respectent-ils les prêtres en soutane et pas les travestis en tailleur ? » V.Jaime
Le Sexe Bizarre, pratiques érotiques d’aujourd’hui, de Agnès Giard, éd Cherche Midi. http://www.lesexebizarre.com

Lesbiennes : la rebellion par le sexe !

Invisibles dans la société, incomprises de leurs proches, craintes des pédés, terrifiantes pour les mâles hétéros... les lesbiennes en ont soupé de cette perception injuste et erronée, induite par le manque de visibilité. L’identité lesbienne, contrairement à celle des gays, ne repose pas sur leur sexualité et c’est sans doute une des raisons de cette discrétion. Lasses qu’on confonde pudeur et abstinence, elles se réapproprient leur corps en s’affichant, libres et sexuées, donnant du coude pour revenir aux premiers rangs de la visibilité.
Ces cinq dernières années ont été marquées par l’expression de la sexualité lesbienne : à travers l’art pictural, par la représentation du sexe féminin, et à travers la littérature érotique, passée de confidentielle à prolifique. Cette éclosion, portée essentiellement par le mouvement Queer, a permis l’émergence de pratiques sexuelles cachées auparavant: sado-masochisme, fist ou échangisme ont largement dépassé le cadre sexuel pour devenir aujourd’hui un lien social autour duquel des groupes se créent.
Mais le combat pour l’égalité hommes-femmes doit-il passer par une visibilité sexuelle égale dans les deux camps ? Thierry d’Allondans, sociologue, et Agnès Giard, journaliste spécialisée dans les contre-cultures, apportent des éléments de réponse :


Dans quelle mesure le fait d’afficher sa sexualité permet-il d’affirmer son identité ?Pas simple ta question ! Pour l’anthropologue, les identités sont multiples : l’homme est un être social, politique, sexuel, religieux, etc. Il va se distinguer par chacune de ses appartenances, de ses affiliations. La sexualité est, donc, une de ses composantes et pas la moindre puisqu’elle participe de son mode d’être au monde : « dis-moi comment tu aimes et je te dirai d’où tu viens ! » et de sa singularité : « dis-moi qui tu aimes et je te dirai qui tu es ! » Les sociétés traditionnelles connaissent assez souvent « l’affichage » – que tu évoques – de leurs diverses identités. Les maoris, par exemple, ont un tatouage facial, le moko, qui renseigne sur presque tout : le rang dans la lignée, les prestiges, la situation matrimoniale, le métier... Les sociétés modernes, elles, ont participé, surtout en matière de sexualité, d’une hypocrisie certaine. Il faut relire l’historien T. Zeldin lorsqu’il évoque, pèle-mêle, les bons pères de famille catholique faisant déniaiser leur fils par une prostituée avant le mariage (progéniture qui a souvent connu l’homosexualité dans des internats confessionnels qui honorent la mère de leur enfant) tout en lui cachant de fréquentes maîtresses… le tout en continuant à être des chantres de la morale la plus rétrograde ! Aujourd’hui, le besoin d’être reconnu pour ce que l’on est, devient presque plus important que le culte des apparences qui prévalait jusque-là. Or, nous sommes aussi dans une société où, pour le pire et le meilleur, je suis ce que je montre. À ce propos, l’interdiction du voile à l’école est un exemple de dérive : toutes les filles qui le portent ne sont évidemment pas des musulmanes intégristes ! Donc je me méfie de l’ostentation qui ne dit, au mieux, qu’à moitié ! Et puis, afficher sa sexualité (soupir)…faudra m’expliquer comment on fait... et avec quels codes admissibles par le plus grand nombre. Par contre, je comprends la nécessité des jeunes gays d’être acceptés dans leurs cercles d’élection. Et ça, dans des sociétés du paradoxe, ce n’est pas encore gagné !

Un groupe peut-il utiliser ses pratiques sexuelles comme un acte politique ?
Certainement, et cela ne date pas d’aujourd’hui ! Les féministes ont montré la voie, l’effervescence de la jeunesse en mai 68 aussi, les mouvements homosexuels assurément… La modernité a changé notre rapport au corps ; celui-ci est devenu plus privatif : « notre corps nous appartient ». Il est même pour certains le lieu d’inscription des signes d’identité (tatouages, piercings,…), pour d’autres encore l’œuvre de soi (body art). Les pratiques sexuelles s’inscrivent dans cette évolution : elles se dévoilent comme des manières d’être en société. C’est à ce titre qu’elles peuvent être un acte politique, au sens d’un choix de société, pour un individu ou un groupe d’individus. Mais, comme tout acte politique ou toute parole, ces pratiques sont par essence acceptables ou contestables.

Pourquoi la sexualité lesbienne a t-elle toujours été entourée de silence ?Heu... là, tout dépend à partir de quand tu estimes que s’installe le silence : Sapho est antérieure à Socrate ! Je ne suis pas un spécialiste des lesbiennes, mais je pense que, pour les derniers siècles, l’homosexualité des hommes comme des femmes était, un peu partout, répréhensible. Mais, dans des sociétés patrilinéaires où le pouvoir est aux hommes, l’homosexualité masculine représente un danger bien plus grand car elle met en péril l’ordre établi. Du coup, on entend plus les mecs mais on les pourchasse plus aussi ! N’oublions pas qu’au début du XXème siècle, l’homme, en France, a droit de vie ou de mort sur sa femme et ses enfants qui sont entièrement dépendants de lui et, en coût réel et symbolique, ne valent pas grand chose. Peut-être aussi qu’au niveau des fantasmes, dans ce contexte machiste, les rapports phalliques sont plus insupportables que les rapports saphiques.

4- L’émergence des sexualités «hard» chez les lesbiennes est-elle le résultat de cette invisibilité ?Là aussi, je ne suis pas un spécialiste de la question mais j’ai une conviction : non, si une sexualité « hard » apparaît chez les lesbiennes, ce n’est pas un effet de soupape ou de réaction à un silence ou une invisibilité du fait lesbien. Je pense plutôt qu’à tous les niveaux de notre société, les femmes sont en train de réaliser qu’elles peuvent beaucoup, dans des domaines réservés jusque-là aux hommes. La dernière enquête de l’INSERM sur l’âge moyen de l’entrée dans la sexualité montre qu’ en France, ces dix dernières années, les filles ont rattrapé leur retard et rejoint les garçons ! Tu rencontreras donc cette évolution chez des hétérosexuelles aussi ! On est ici dans les mêmes registres que la violence montante de filles qui trouvent là le seul moyen d’affirmer une identité aussi « respectable » que celle de bien des garçons !

Dans la peau de Villovitch

Touche-à-tout de génie, Héléna Villovitch a assimilé la créativité comme un concept de vie à part entière. Elle multiplie les projets et les formes artistiques : peinture, dessin, réalisation de courts et longs métrages expérimentaux et performances radio. Elle écrit aussi des recueils : des nouvelles conçues commedes fragments artistiques racontés à la première personne. Un travail autobiographique sans complexe ni complaisance, à la manière des expos-concepts de Sophie Calle.
«Dans la vraie vie» est son quatrième recueil. Découpé en une galerie de portraits et de tranches de vie à la Raymond Carver, il nous raconte les paradoxes et les frustrations d’une génération rattrapée par l’univers déshumanisant de l’entreprise, un pied dans l’ennui, l’autre dans la précarité.
Dans ton dernier recueil, plusieurs de tes nouvelles mettent en scène des gays ou des lesbiennes. C’est pour surfer sur la vague de « visibilité » actuelle ou pour être invitée sur Pink TV ?
C’est vrai que ce que j’écris est dans l’air du temps, et c’est logique puisque le livre est assez sociologique. Je me suis intéressée aux gens non seulement autour de moi mais aussi les gens dont parlent les journaux et la télé. Il se trouve que, quand j’ai écrit ce livre, on était en plein questionnement sur le mariage homosexuel et l’adoption. J’y pensais donc beaucoup. C’est une des raisons pour lesquelles mes personnages sont homosexuels.
D’autre part, dans la première nouvelle par exemple, j’écris avec un « je » qui est en fait un homme. Simplement, imaginer un homme hétérosexuel, c’était un peu au dessus de mes forces, voire au-delà de mon imagination. Alors qu’un homme homosexuel me semblait plus proche de ma sensibilité.
Dans une autre nouvelle, je raconte le voyage d’un couple de filles aux Etats-Unis. C’est un voyage que j’ai fait il y a quelques temps. J’avais fait plusieurs tentatives de nouvelles pour restituer les sensations que j’ai éprouvées là-bas. Finalement, la seule fois où j’ai réussi à écrire quelque chose qui me convenait, c’était en inventant ce couple de filles. En même temps, ça reste très autobiographique puisque ce couple représente un peu les deux tendances qui s’expriment en moi : une fille qui râle tout le temps, l’autre qui est plus décidée.

Dans ce livre, tu quittes le ton très autobiographique des ouvrages précédents, pour incarner une galerie de personnages très hétéroclite. Est-ce un passage à l’âge adulte, quand le regard se reporte de soi sur les autres ?
Oui peut-être bien, en même temps, entre l’enfance et l’âge adulte, il y a l’adolescence qui, dans mon cas dure une éternité et qui n’en finit plus de ne pas finir. J’ai l’impression de faire partie d’une génération où l’on ne devient jamais adulte.
C’est aussi un livre assez dur, avec parfois des accents de désespoir derrière l’humour noir.

Cette rupture avec les précédents livres, plus légers et ludiques, marque t-elle une volonté d’aller plus vers la littérature ?
Exactement. Je ne sais pas si c’est une décision ou une prise de conscience mais je suis allée plus profondément dans l’écriture. Jusqu’à maintenant, je considérais l’écriture comme un outil artistique au même titre que le dessin, la photo ou les films... mais là, je me suis sentie aller plus profondément vers l’écriture et donc m’engager littérairement.

Pourquoi avoir choisi ce thème du travail en entreprise, et pourquoi ce regard négatif ?
Le travail est un thème qui m’intéresse beaucoup, je lis généralement tous les articles ou rubriques à ce sujet dans la presse. J’ai vu par exemple le film de Pierre Carles « Attention, danger travail » qui montre qu’on a le choix quand même du milieu de travail et du fait même de travailler. J’ai voulu, moi aussi, montrer qu’on avait le choix ou au moins, inciter les gens à réfléchir et peut-être prendre une distance avec cette vie-là.
«Dans la vraie vie» est ton quatrième livre et la promo semble démarrer beaucoup plus fort que pour les précédents. Ça vient de toi ou de l’éditeur ?
Que ce soit moi ou l’éditeur, on a procédé comme pour chacun de mes livres, avec les même envois-presse. Il se trouve qu’on a plus parlé de celui-là. Alors je ne sais pas, peut-être que c’est parce que c’est plus dans l’air du temps justement, peut-être que c’est plus facile à lire aussi que des livres construits sur une logique plus artistique et moins littéraire. Peut-être que je deviens un auteur « grand public » et moins « avant-garde » aussi. C’est difficile à dire.
Etre cataloguée « écrivain à la mode » pourrait achever l’artiste underground Villovitch … ou te contraindre à la schizophrénie…
Au contraire, je pense que le succès de l’écrivain, surtout si ça suit financièrement, peut me permettre de développer le reste. En fait, pas mal d’artistes fonctionnent comme ça: je pense à Valérie Mrejen dont les livres marchent bien, ce qui ne l’empêche pas de faire par ailleurs des documentaires très bien mais moins visibles. Pareil pour Marguerite Duras et ses films.
Je n’y vois pas de schizophrénie parce que ça a toujours été comme ça dans ma vie. J’ai toujours eu un métier parallèlement à mes activités artistiques parce que ça me permettait de vivre et de continuer.
N’exagérons rien ! Pour le moment, le succès n’est pas encore là, et si succès il y a, mes livres sortiraient en poche et seraient plus accessibles pour un public ado ou fauché.

À quand une rétrospective de tes films et performances ?
J’aimerais beaucoup ! (rire) Même si ce serait pas mal de boulot parce que certains de mes films mériteraient de passer du super 8 au 16 millimètres, ou bien de repenser la bande son ou encore de revoir le mixage... d’ailleurs, c’est ce genre de choses que je ferais en priorité si j’arrivais à gagner plus ma vie en écrivant. Orely C
Dans la vraie vie, Editions de l’Olivier, Paris, 2005 -16 €.
sorti en mai 2005 : «Le bonheur par le shopping», Maren Sell Editeurs.

Mathilde, je l'ai rencontrée dans un train

Quiimaginerait quederrière cetitreàla Lellouche, un rien « chabadabada », secacheun vraibonrecueil denouvelles érotiques ?Le principeestà lafoissimple etefficace.
Mathilde, c’est cette femme, LA femme, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, comme en rêvait Baudelaire et qui incarne la puissance du désir charnel. À travers une série de nouvelles qui s’enchaînent et se déchaînent comme la respiration saccadée d’un ébat amoureux. La narratrice décline la palette de tous ses fantasmes. Plus que d’érotisme, c’est de pornographie dont il s’agit ici : de désir brut, impérieux, sans honte ni pudeur et sans verser dans la vulgarité. Du sexe exprimé comme un besoin puissant, immédiat, pour étouffer la sensibilité omniprésente de la narratrice et refouler son vrai désir, celui du grand Amour, absolu, débordant. L’écriture, ramenée à l’action et aux sensations brutes, redouble la force émotionnelle de ces nouvelles.
Bref, du bon, du beau, du chaud pour cette dernière cuvée Cy Jung qui donne envie de s’abandonner sans retenue aux délices de l’amour…
Mathilde, je l’ai rencontrée dans un train par Cy Jung aux Editions Gaies et Lesbiennes -174 pages - 13 € à la Fnac
Orely

Amélie Nothomb : Acide Sulfirique

A l’heure d’une Real-TV qui se fait de plus en plus trash, Amélie Nothomb a vu plus loin : le camp de concentration.
Dans un futur proche, Pannonique est enlevée dans un parc comme des centaines de Français pour participer à « Concentration », un nouveau Loft aux règles terrifiantes, inspirées du troisième Reich. Exécutions sommaires, travail forcé... pour le plus grand plaisir des téléspectateurs ! Un élément va pourtant gripper l’effroyable machine : l’un des bourreaux de Pannonique, une certaine Zdena, va en tomber amoureuse…
Amélie réussit à décrypter les comportements paradoxaux d’une société en mal de sensationnel : les médias crient au scandale d’une telle émission, les téléspectateurs protestent avec vigueur et pourtant… les audiences atteignent des records historiques !
La société n’étant pas manichéenne, qu’adviendra-t-il de Pannonique et des autres prisonniers du jeu ? Quels relents amers et quelles satisfactions s’engouffreront dans les gorges des téléspectateurs, de la production, du gouvernement ? A vous de le découvrir… T. Desaules
« Acide Sulfurique », Amélie Nothomb, Albin Michel .

Le désir selon Duras

Le désir selon Duras
« La femme, c’est le désir (…) On écrit pas du tout au même endroit que les hommes. Et quand les femmes n’écrivent pas dans le lieu du désir, elles n’écrivent pas, elles sont dans le plagiat », «Les Lieux de Marguerite Duras» , Editions de Minuit, 1977, p.102.
Rares sont les écrivains qui, à l’instar de Marguerite Duras, ont fait la part aussi belle au désir dans leurs livres. Ce que Duras met en lumière dans sa grande œuvre, c’est l’évidence du lien entre le désir et la création littéraire au féminin.
Duras, ce sont des pages éblouissantes et lumineuses, où des célébrations de la chair s’offrent à l’œil du lecteur habilement placé dans la position de voyeur, voire d’acteur. Nous voilà donc apostrophés dans ce que nous avons de plus secret et de plus mystérieux : le désir s’incarne sur la scène de notre théâtre intime. Chez Duras, c’est le lecteur et non le narrateur qui se met en scène : son écriture suggestive et « filmique », les images qui surgissent immanquablement de ses mots trouveront dans chaque imaginaire de lecteur une résonance particulière, une incarnation propre :
« De la bouche entrouverte une respiration sort, revient, se retire, revient encore. La machine de chair est prodigieusement exacte. Penché sur elle, immobile, vous la regardez. Vous savez que vous pourriez disposer d’elle de la façon dont vous voulez, la plus dangereuse. Vous ne le faites pas. Au contraire, vous caressez le corps avec autant de douceur que s’il encourait le danger du bonheur. Votre main est sur le dessus du sexe, entre les lèvres qui se fendent, c’est là qu’elle caresse. Vous regardez la fente des lèvres et ce qui l’entoure, le corps entier. (…)
Vous voyez d’abord les légers frémissements s’inscrire sur la peau, comme ceux justement de la souffrance. Et puis ensuite les paupières trembler tout comme si les yeux voulaient voir. Et puis ensuite la bouche s’ouvrir comme si la bouche voulait dire. Et puis ensuite vous percevez que sous vos caresses les lèvres du sexe se gonflent et que de leur velours sort une eau gluante et chaude comme serait le sang. Alors vous faites vos caresses plus rapides. Vous percevez que les cuisses s’écartent pour laisser votre main plus à l’aise, pour que vous le fassiez mieux encore. » La Maladie de la mort, Minuit, 1982, p.38/39/40.
Pourtant, il est tout un pan de l’œuvre où le désir selon Duras se tient dans l’inachèvement, l’absence d’aboutissement. L’érotisme réside dans l’attente, dans l’anticipation par l’imagination, dans le fantasme davantage que dans la réalisation concrète du désir.
Les amants du «Navire–Night», qui s’aiment par téléphones interposés ne connaissent l’un de l’autre que leurs voix et ne se rencontreront pas physiquement : « Dans «Le Navire–Night», c’est la voix qui fait les choses, le désir et le sentiment. La voix, c’est plus que la présence du corps. C’est autant que le visage, que le regard, le sourire. », «La Vie matérielle», Editions P.O.L.,1987, p.97.
Le désir libéré du corps et des sens – à l’exception de l’ouïe – se fait ici léger, éthéré, aérien, son non–aboutissement charnel est le gage de sa survie. Ces amants–là ne peuvent vivre leur désir qu’au sein de leur imaginaire et n’étreignent par conséquent que du rêve.
L’homme des «Yeux Bleus Cheveux Noirs», se refuse à prendre le corps de la femme qu’il paye pour passer les nuits avec lui dans sa chambre : « Il dit : Nous aurons un souvenir de la soie noire aussi, de la peur de la nuit. Il dit : Du désir aussi. Elle dit : C’est vrai, de notre désir l’un de l’autre dont nous ne faisons rien. », «Yeux Bleus Cheveux Noirs», Editions de Minuit,1986, p.76 .
Le désir est espace subjectif, le lieu de tous les possibles et de toutes les chimères, de toutes les illusions, de tous les rêves, de toutes les fictions.
« Je voulais vous dire ce que je crois, c’est qu’il fallait toujours garder par–devers soi, voici, je retrouve le mot, un endroit, une sorte d’endroit personnel pour y être seul et pour aimer. Pour aimer on ne sait pas quoi, ni qui ni comment, ni combien de temps. Pour aimer, voici que tous les mots me reviennent tout à coup…pour garder en soi la place d’une attente, on ne sait jamais, de l’attente d’un amour, d’un amour sans encore personne peut–être, mais de cela et seulement de cela, de l’amour. » ibid, p.135.
Le désir est antérieur à l’amour, il naît et croît dans la solitude et l’absence, il crée l’espace où pourront se tenir l’amour à venir et l’œuvre à accomplir.
Chez Duras, le désir ne se vit pas à travers les catégories sexuées des personnages mais au travers de leur condition d’êtres humains : « Le livre, c’est l’histoire de deux personnes qui aiment », «La Vie matérielle», p.97. Tout être peut se reconnaître dans ses livres puisque le désir y est montré sous toutes ses formes, rapports et orientations, et c’est peut-être en cela que réside l’universalité de Duras, écrivain par trop souvent taxée d’incompréhensibilité et d’incohérence. Julie C

Harcèlement, les homos aussi

Quand on évoque le harcèlement sexuel on pense souvent à une femme harcelée par son supérieur hiérarchique. En définissant le harcèlement sexuel comme «fait d’abuser de l’autorité que confère une fonction pour tenter d’obtenir une faveur sexuelle», le Larousse comme toutes les autres définitions minimise les situations où cela se produit. Un subordonné peut parfaitement harceler son supérieur, comme une personne peut tout à fait harceler une personne du même sexe.
Les associations contre le harcèlement sexuel que nous avons approchées recensent quelques rares cas de harcèlement entre personnes de même sexe. En France, un employé gay de Disneyland a été licencié pour des propos (graveleux) portant atteinte à la pudeur de son collègue. Une décision de justice a conforté sa direction dans son licenciement. En Angleterre, le cas du top model Sonya Walker, harcelée par sa supérieure hiérarchique, a abouti sur la condamnation de cette dernière à verser des indemnités (dérisoires) à la victime. Ces deux cas, parmi les plus médiatisés, ont permis de lever un coin de voile sur la question très opaque du harcèlement entre personnes de même sexe.
Il faut dire qu’il n’est guère facile de dénoncer une situation de harcèlement quand on est gay sans faire part de son homosexualité (voir article de la psychothérapeute).
Olivier, 27 ans, modéliste chez un fabricant de layette, harcelé sexuellement par son chef de service témoigne : «Je ne pouvais en parler à personne, je savais qu’on me dirait : «S’il te drague, c’est parce qu’il a repéré que tu en es…» Je suis homo, et alors ? Ce n’est pas pour autant que j’ai envie de le crier sur les toits et ce n’est pas pour autant que j’ai envie de me taper ce porc !» Porter plainte, Olivier y a bien songé mais a vite renoncé persuadé que personne n’accorderait un crédit à la plainte d’un homo qui se dirait harcelé sexuellement par un autre homme, surtout quand celui-ci est considéré comme hétéro.
Les homos ne sont pas en reste, harcelés souvent moralement, parfois sexuellement, il arrive aussi qu’ils soient les harceleurs, selon le docteur Lepastier, psychiatre et psychanalyste, réagissant au cas d’un homme harcelé par un autre : «Être courtisé par un homme, c’est être placé dans la position humiliante d’être aimé comme une femme». Sans en arriver à des conclusions aussi discutables, il est clair que pour une femme comme pour un homme, être remis en cause sur sa propre sexualité peut s’avérer dangereux. Les petites taquineries, anodines à la base, peuvent être dangereuses si elles sont insistantes ou dirigées vers de jeunes personnes qui découvrent leur sexualité ou qui sont simplement fragiles. Combien de fois assistons-nous à des scènes où un homo s’évertue à démontrer à un hétéro qu’il est en réalité gay par un flot d’arguments aussi ridicules que fumeux… Florilège :
«-Tu vas pas me dire que t’es hétéro avec les trucs moulants que tu portes !
- Mais qu’est ce que t’en sais que t’es pas homo, tu n’as jamais essayé !
- Non mais arrête, on est tous bi à la base…»
Le respect des différences que nous réclamons exige de nous d’être exemplaires dans son application.


Harcèlement, les leviers



Dans les cas de harcèlement les plus graves, le harceleur a rarement conscience de la nuisance qu’il cause. D’une part, il a l’impression d’être dans son droit (par sa position hiérarchique par exemple), d’autre part, il est aveugle quant au refus que le harcelé lui signifie; il considère même que cela fait partie « d’un jeu » mutuel, qui n’est en réalité qu’une fixation de sa part, une obsession.
Dans ma carrière de psychothérapeute (23 ans) et du fait de ma proximité avec la communauté homosexuelle dont, du reste, je fais partie, je n’ai eu que quelques rares cas de harcèlement (cinq au total). Or ce chiffre qui peut sembler insignifiant ne l’est pas ; pour cinq personnes qui ont fini par s’en ouvrir à leur docteur, combien se taisent ?
Cette persécution est difficile à nommer car elle fonctionne selon la mécanique invisible de la non formulation : celui qui désire les faveurs sexuelles (ou sentimentales) de l’autre ne verbalise pas directement sa demande ou cesse de le faire suite à un premier rejet. Le harcèlement emprunte des biais insidieux : insistance sur les attraits ou attributs de l’autre, messages codés faisant allusion au refus, regards lubriques visant à créer une gêne… Le harceleur se dote d’une batterie de moyens aussi diversifiés que blessants.
Dans le cas du harcèlement entre personnes de même sexe, si les ressorts sont les mêmes, le temps de latence peut être beaucoup plus long ; il faut du temps avant de réaliser que ce qui est subi relève du harcèlement.
1er cas : Les deux personnes sont homosexuelles
C’est un harcèlement similaire au harcèlement « classique ». Le processus en est le même : séduction - refus - orgueil blessé - représailles. Mais les victimes hésitent à dénoncer ces agissements car cela impliquerait une perte d’image pour la communauté ou la contrainte d’un coming out forcé quand celui-ci n’est pas à l’ordre du jour.
2ème cas : Le harceleur est homosexuel, le (la) harcelé(e) hétéro
Le harcèlement homosexuel use d’une démarche constante et automatique consistant à signifier à l’autre qu’il est homosexuel mais que son homosexualité serait inexprimée ou refoulée. L’argument « Comment sais-tu que tu n’es pas homo si tu n’as jamais essayé ?» s’y distille en séduction douce mais aussi bien en harcèlement brutal. Les faits et gestes de l’autre sont épiés, analysés selon un prisme prosélyte et renvoyés à l’autre comme un fait avéré.
Des différences notables existent cependant selon qu’on soit une femme harcelée par une autre ou un homme harcelé par un autre. Dans le premier cas, la femme harcelée se retrouve dans la situation d’être un objet (je te veux, donc j’ai le droit de me donner tous les moyens de te convaincre). La souffrance peut alors être accentuée par le fait que ce soit une femme, sa semblable, qui la traite en « chose ». La harceleuse, quant à elle, ne comprend pas que l’objet de son désir ne se réjouisse pas d’être courtisé avec acharnement alors que ça devrait flatter son égo. En résumé, la personnalité de la harceleuse, comme dans le harcèlement hiérarchique, est souvent bâtie sur une faille narcissique.
Quand un hétéro est harcelé par un homo, c’est d’autant plus violent qu’il remet en cause la virilité du harcelé. L’analyse constante de faits et gestes comme témoignant d’une homosexualité ébranle les fondements d’une personnalité construite sur la place de l’homme dans la société et le rôle qu’il doit y jouer.
Les petites insistances bien intentionnées peuvent être dans la majeure partie du temps gérées sans inimitié mais quand elles sont virulentes, ou quand elles concernent des personnalités

Témoignages


Delphine A.
Je venais de divorcer et me retrouvai alors dans un grand appartement à moi toute seule. J’ai passé une annonce sur Internet sur des sites gays car je cherchais un colocataire gay, histoire d’être peinarde… Mais c’est une fille qui s’est présentée. Elle m’a tout de suite parlé de son homosexualité, j’ai moi aussi « avoué » mon hétérosexualité. Discrète et attentionnée, elle a apporté dans ma vie une joie nouvelle.
Les premiers mois, ça s’est super bien passé, je profitais de mon célibat en sa charmante compagnie. Les choses ont commencé à se dégrader quand j’ai commencé à ramener des mecs à la maison. Elle me faisait la tête. Je dois reconnaître qu’au début, je trouvais ça mignon : elle était un peu comme un chat boudeur qui ne vient plus se frotter sur vos mollets parce que vous avez été absente trop longtemps à son goût. Peu à peu, elle est devenue agressive... Le plus dur restait à venir : ses sermons et ses interminables explications sur une homosexualité que je n’assumerais pas, selon elle. Le fait que j’aime courir, que j’ai un esprit de bande avec mes amis, le bouquin de Colette sur l’étagère… tout pour elle était une preuve. Elle n’hésitait pas non plus à se servir de ce que je lui avais confié de mon passé pour démontrer ma difficulté à assumer mon pseudo penchant pour les femmes. Au début, je discutais, argumentais et même me justifiais, mais ses attaques étaient de plus en plus assassines avec des phrases comme : « Tu ne te demandes pas pourquoi tu collectionnes les échecs avec les mecs ?» Quand on regardait ensemble un film lesbien, elle délaissait l’écran pour se concentrer sur mon visage où elle traquait la moindre émotion. Pour elle, j’étais émue... donc je m’identifiais... donc j’étais lesbienne !
Dix-huit mois plus tard, j’ai fini par me barrer de chez moi !! Vous vous rendez compte ! C’est moi qui ai dû partir pour sauver ma peau. Mon psy m’a permis de retourner chez moi, de la confronter avec ce qu‘il convient d’appeler un harcèlement et de la mettre dehors. J’espère qu’avec le recul, elle prendra conscience et s’excusera. Ce serait bien, car moi je l’aimais bien, cette fille.

Sinéad O'connor : Irish bomb

Deux ans d’absence, de diète, de pain sec. Deux ans et un retour attendu avec un album inattendu : « Throw Down Your Arms ». Jeter les armes ? Pas avant de savoir ce qu’elle a fait pendant ces longs mois. Qu’a-t-elle pris au petit déj chaque jour ? Combien de bains et combien de douches ? A-t-elle eu la grippe ? Qu’a t-elle lu et qui a -t-elle aimé, choyé… ?
C’est que Sinéad n’est pas juste une chanteuse : porte-parole de sa propre révolte, militante against tout ce qui énerve, elle est notre conscience, notre sentinelle, vigilante et éternellement inspirée.
Née à Dublin le 8 décembre 1966 (happy birthday sister), Sinéad a attendu 17 ans comme on attendrait dans une salle d’attente d’avoir une raison de chanter. Celle qui la lui a donnée : Aretha Franklin qui va lui coller un frisson sur la peau, une voix dans le gosier et la promesse d’une carrière aussi éclatante que controversée.
Premier opus : « The Lion and the Cobra», paru chez Ensign en 1987. Cet album qui dévoile ses capacités vocales d’un autre monde lui vaut une reconnaissance immédiate. Mais Sinéad n’est pas du genre à lustrer les statuettes. Elle choisit de travailler avec d’autres artistes, à commencer par le prestigieux groupe U2. Le talent est là, occulté quelquefois par les tempêtes médiatiques suscitées par ses frasques : elle brûle la photo du pape à la télévision américaine et refuse de se produire dans de nombreux endroits jugés incompatibles avec ses valeurs dont le prestigieux « Garden Arts» de New Jersey.
En 1990, son interprétation du titre «Nothing Compares 2 U» est n°1 mondial, toutes planètes confondues.
Mais ce que Sinéad recherche avant tout, c’est avancer. Elle enchaîne quelques albums comme le sympathique «Am I not your Girl» ou encore «Universal Mother» sur lequel figure l’immense «Fire in Babylone», sans cesser de faire ce qu’elle aime le plus : multiplier les collaborations. Peter Gabriel, Paul Mc Cartney, Massive Attack ou encore Robbie Williams ont drapé leur musique de sa voix.
Avec « Throw Down your Arms », elle revient avec un album reggae d’un nouveau genre. Vous avez dit classique? Allez donc écouter ce que ça donne quand Sinéad entrelace esprit rasta et spiritualité celtique… !
"Throw Down your Arms", septembre 2005, chez Keltia Music.

République du glamour: Bad Girls ou les condamnées

République du glamour: Bad Girls ou les condamnées

Bad Girls ou les condamnées

A quoi reconnaît-on une série anglaise ? A ce que ses (anti) héros ont les cheveux gras, les poches vides et une bonne descente de bière, bref à son réalisme très « popu », à l’opposé des brushings, coupés décapotables et whisky servi dans du Baccarat des séries US. Mettant en scène le quotidien de détenues ou salariées d’une prison de femmes, ‘Badgirls’ est le pendant féminin sans concession de ‘Oz’, la célèbre série carcérale américaine de mecs. Très loin de tout manichéisme ou autre morale bien-pensante, les personnages de ‘Badgirls’ sont à l’image des femmes du monde réel, ni idéalisées ni diabolisées, mais des personnalités vraies et entières, avec leurs forces, leurs faiblesses et leurs histoires de vie spécifiques. Ce réalisme se retrouve également dans la trame de la série, uniquement basée sur le relationnel de ces femmes entre elles, aussi complexe et fluctuant que dans toute communauté féminine. Au programme : rivalités, bagarres, crasses en tous genres, mais aussi alliances innées ou de circonstance, coups de cœur, réconciliations, rapprochements physiques… Plusieurs histoires d’amour se nouent, dont la plus marquante entre une détenue et la directrice de la prison. Vrais baisers, vraies jalousies, vraies illusions et vraies souffrances aussi. Les dialogues et mises en scène amoureuses sont ce qu’il y a de plus crédible. La cinquième saison par en live avec une plongée dans les limbes vertigineuse. les amatrices du genre apprécieront

Hex the Malediction

Connaissez-vous « Hex the Malediction » ? Série en cinq épisodes diffusés sur M6 en septembre-octobre, Hex s’apparente à une version anglaise de ‘Buffy contre les vampires’, où la belle héroïne, issue d’une lignée maudite, dispose de pouvoirs paranormaux pour lui permettre de combattre le mal. Comme Buffy, elle est secondée par une lesbienne, un fantôme goudou de son âge qui ne cache ni ses désirs ni ses sentiments pour sa protégée. Mais Hex se distingue par une intrigue assez dense au suspens réussi et un ton nettement moins puritain que sa cousine d’outre-Atlantique. Le sexe est omniprésent dans la série, et surtout les scénaristes nous ont réservé une surprise qui devrait en faire fantasmer plus d’une : le fantôme lesbien, Telma, a le pouvoir de s’immiscer dans les rêves des bimbos de son lycée pour leur faire vivre des nuits très très chaudes… Le succès d’audience rencontré par la série sur M6 et sur W9 (excroissance TNT de M6), nous vaut sa rediff’ tous les vendredis soirs sur M6.

Magazine Lesbien

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