Ma première expérience homosexuelle

(par Orely C)

À 25 ans, dont 10 de bons et loyaux services hétérosexuels, j’en avais marre des mecs : marre de leur virilité susceptible, marre des rapports de force, marre de les materner, marre de leurs pulsions sexuelles parfois brutales et toujours impétueuses, marre de leurs barbes, leurs bides, leurs bites, marre, marre, marre ! Même mes « potes » me gonflaient. Je me prenais à fuir tout ce qui portait des couilles. Mon refuge, je le trouvais auprès de mes copines lesbiennes. Avec elles, je me sentais revivre, m’amuser, m’affirmer... enfin respirer! Je me mis donc en tête de rechercher ma princesse charmante, celle avec qui je formerais ce couple beau et complice, aux caresses chaudes et délicates, et où la lingerie se partage plus facilement qu’un programme TV les soirs de foot. Le total dream quoi ! Je fréquentais donc les bars de filles et les soirées pulpeuses, mais en vain. Complexée par mon inexpérience, je me sentais gauche et maladroite. Les filles qui me plaisaient me faisaient un peu peur, et celles à qui je plaisais tenaient de la chasseuse « macha », trop proches du modèle que je fuyais. Enfin… un soir où j’enfilais les pintes avec des amis dans un pub ce-qu’-il-y a-de-plus-hétéro.. je LA remarquai. Frêle, visage androgyne, délicat et innocent à la fois. Sa posture, ses gestes, son sourire, ses cheveux ras, tout en elle me faisait penser qu’elle était lesbienne. Puisant mon courage dans une pinte supplémentaire, je profitai d’un moment d’agitation pour aller l’inviter sur la piste. Elle accepta en souriant, et nous commençâmes à faire connaissance par bribes entre mes déhanchés plus que suggestifs. J’appris qu’elle était irlandaise, en stage à Paris depuis deux mois, qu’elle s’appelait Jenny et ne parlait pas français. Elle ajouta qu’elle m’avais remarquée plus tôt dans la soirée et trouvée très jolie. Wahou ! Surexcitée, je me sentais femme chasseresse, irrésistible et sexuelle. Ça y est, c’est parti, Orely est dans la place, planquez vos femmes, vos sœurs et vos filles (pour les grands-mères ça va aller !) Je me collais langoureusement contre son corps, et attrapai sa nuque pour lui voler un baiser passionné. Mon cœur battait à tout rompre et mon ventre débordait d’une chaleur nouvelle. J’entendis dans mon dos une voix couillue : « Hey, c’est dégueulasse ! Aller faire vos cochonneries ailleurs !». Je me retournai aussi sec et toisait le mec : « Si ça te gêne, t’as qu’à sortir ». Il nous dévisagea puis prit une mine contrite et s’excusa. Une grosse bouffée de fierté m’envahit. Putain, je vivais mes émotions au vu et au su de tous et j’assumais parfaitement ! Finalement, c’était pas si difficile de se faire respecter. Je retournai à ma Jenny pour un nouveau baiser, cherchant à sentir sa poitrine contre la mienne. Je sentis son buste fragile, et cette fragilité même compensa la sensualité des seins que je ne parvenais pas à sentir. Tant pis ! Je saurai les aimer quelque soit leur taille. Émue et limite tremblotante, je lui proposai de me suivre dans un autre bar, plus féminin, lui glissai-je à l’oreille. Elle sourit en m’adressant un clin d’œil. Nous saluâmes nos équipées respectives, et nous nous retrouvâmes pour un long baiser sur le trottoir. Direction l’Unity, le bar lesbien le plus proche. En chemin, elle me raconta son stage, sa ville en Irlande, ses sœurs… Je ne l’écoutais qu’à moitié, fantasmant déjà sur la nuit torride qui se profilait devant moi. Nous prîmes une table isolée au fond du bar tandis que les « pillières » de comptoir habituelles s’accaparaient le billard. Sous la lumière des néons, je
fût surprise de constater sur le visage de ma Jenny les traces d’une fine moustache. Je repensais aussitôt à l’article que j’avais lu sur les Drag Kings londoniennes, qui prenaient des hormones et se laissaient pousser le bouc. Oh non, ma Jenny ! Je saurai te convaincre de revenir à ta féminité… Au fil de la discussion, je remarquais progressivement que Jenny parlait d’elle au masculin. Lorsqu’elle me corrigea pour me dire que son prénom était Jonny et pas Jenny, un doute affreux m’assaillit. Je ne pûs retenir ma question « But are you a boy or a girl ? ». « A boy of course !” me répondit-elle, t-il, très surpris. « You thought I was... oh, I see... you are lesbian!». J’étais en état de choc, mon excitation évaporée, remplacée par une confusion humiliante. Oh merde ! En fille, son ambiguïté me troublait, mais en mec… ça ne me disait rien du tout. Je le trouvais même repoussant. Je m’excusai de ma méprise, accusait l’alcool et tentait de le rassurer sur sa virilité. Triste, déçu mais sans colère, il me dit au revoir et quitta la table. Je restai interdite quelques minutes avant de me mettre à pouffer doucement à cette conclusion : j’étais la lesbienne la plus ratée de la planète ! Orely

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J ADORE!!!!!!!!!!!!!!!!!!! j'ai beaucoup rigolé en lisant cette histoire et j'espère que tu as trouvé l'ame soeur depuis....

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