Ciel, tous mes enfants sont gays !

Comment expliquer que, dans une même famille, il y ait plusieurs enfants homosexuels? Voilà une question qui renvoie immédiatement à une autre: naît-on gay? L’idée que l’homosexualité soit prédéterminée génétiquement a souvent poussé les chercheurs à s’intéresser aux familles où il y a plusieurs homos.
L’étude des jumeaux monozygotes suffirait à démentir l’idée d’une prédétermination génétique de la sexualité : avec un patrimoine génétique 100% identique, on s’attendrait à ce que les vrais jumeaux aient à chaque fois la même orientation sexuelle. Or, dans l’étude de Bailey et Pillard, seulement 52% des frères s’avèrent tous les deux homosexuels. Cette étude, comme toutes celles qui lui ont succédé, prouve que la piste biologique est bancale. On s’étonne d’ailleurs de cet acharnement à vouloir expliquer scientifiquement les raisons de l’homosexualité. L’idée d’isoler un gène comme on isole un germe pathogène de l’homosexualité en filigrane des courbes et des statistiques me donne la nausée.
Il est important de ne pas s’égarer dans les méandres comptables de la science pas toujours bien intentionnée quand il s’agit d’homosexualité, mais d’ écouter plutôt les témoignages de celles et ceux qui vivent cette situation.
D’abord les parents: la première réaction des parents, quand leur moutard leur annonce au beau milieu du déjeuner dominical son homosexualité, est de se demander ce qu’ils ont bien pu faire pour mériter ça. Où ont-ils fauté? Et il faut souvent attendre des semaines, des mois, voire des années avant qu’ils ne se défassent de cette culpabilité injustifiée. Alors, vous imaginez bien que, quand le petit dernier déboule et annonce que lui aussi est homo, la pintade qui vient d’être engloutie ne demande qu’à se tailler la malle des gosiers trop serrés par le choc.
Le grand frère, qui a déjà fait les frais en s’outant le premier après des mois de tergiversation, hésite entre la joie de ne plus se sentir isolé et l’envie d’étrangler le p’tit qui s’engouffre dans la brèche creusée par des torrents de larmes.

Samia, Nora: une annonce en chœur

J’ai découvert le soir de ma première sortie dans une boîte homo que ma soeur Nora était aussi lesbienne et qu’elle écumait joyeusement les lieux gays lillois depuis plus d’un an. C’était un choc pour moi ! Dès qu’elle m’a aperçue, elle est venue me demander ce que je foutais là avec ses yeux qui sortaient de la tête. J’ai cru qu’elle allait m’étrangler. Elle m’a fait sortir de la boite en me broyant l’épaule et m’a traînée dans une espèce de PMU pour qu’on s’explique. Le ton est monté , elle m’a même menacée de le dire aux parents si je ne me «calmais pas».
Nous avons réussi à en parler calmement un mois plus tard. On a décidé de l’annoncer aux parents en même temps. On s’est dit qu’ils ne survivraient pas à deux annonces différées!
Bizarrement, mon père l’a bien pris sur le coup et ma mère a hurlé: «on a jeté un sort à notre famille!»
Pendant plusieurs jours, elle a expérimenté marabout, voyante…Elle a essayé le coup du sel qu’elle tournait au dessus de nos têtes sept fois dans un sens, puis sept dans l’autre. Elle a fait fondre du plomb dans une louche qu’elle a refroidi dans l’eau, pour nous montrer les soi-disant paires d’yeux qui s’y trouvaient. J’ai découvert à quel point ma mère croyait à ces choses-là. Dieu sait ce qu’elle continue à faire encore aujourd’hui.
Mon père, qui semblait super cool sur le coup, avait en fait juste pris sur lui pour désamorcer maman. Une semaine plus tard, il nous a mises à la porte pour revenir nous chercher un matin avec des Mc Morning. Il a dit : «C’est peut-être mieux comme ça. Je craignais que vous ne tombiez entre les mains de connards. Les femmes au moins, elles ne vous feront aucun mal».

Liliane, mère de deux homos


Thierry est l’aîné de mes trois enfants. J’ai découvert qu’il était homosexuel le jour où je suis tombée sur un mot qu’il avait oublié dans son jean. Un mot qu’un certain François lui avait griffoné sur la carte de visite d’un bar «interdit aux filles». Je n’ai rien dit. J’étais effondrée. J’ai pris contact pour la première fois de ma vie avec un psy qui m’a aidée à me débarrasser de l’idée que moi ou son père étions à l’origine de son orientation. J’ai gardé le silence pendant tout ce temps. Ce qui fait que le jour où il me l’a annoncé parce qu’il était amoureux, (ce n’était d’ailleurs pas le François du mot) j’étais préparée.
Il était très heureux de ma réaction. Il a ri quand je lui ai suggéré d’être bi, histoire de ne pas passer à côté de la paternité.
Quatre ans plus tard, Jérémy, le petit dernier, m’a annoncé en présence de son père, qu’il n’était pas attiré par les filles. Là, le sol s’est dérobé sous mes pieds, et les mois de psychanalyse se sont évaporés en un clin d’œil. Je voulais mourir… Plus rien ne pouvait m’enlever de la tête l’idée qu’on leur avait transmis par les gènes ou par l’éducation quelque chose de mal. Mon mari a pris un studio en ville, et moi je me suis retrouvée avec une dépression. J’ai pris petit à petit conscience que ce qui pouvait arriver de pire à une mère, c’était de perdre ses enfants ou de les voir souffrir d’une maladie incurable. Ce n’était pas le cas de mes petits et quelles que soient les raisons de leur homosexualité, Je remercie le ciel qu’ils soient près de moi.


Remerciements à Marina et à ses amis pour nous avoir permis de recueillir ces témoignages.


Jodie et Ryan à la Gay Pride

J’ai quitté mon mari deux ans après la naissance de Ryan, fatiguée d’être avec un homme qui pensait que le rôle du père commence le jour où son fils commence à jouer au foot. J’ai succombé quelque mois plus tard au charme de Nathalie, la baby-sitter. Elle était de 14 ans ma cadette et m’a montré toutes ces choses qui font qu’une vie peut être plus qu’un simple passage sur terre.
Nous avons élevé Ryan ensemble dans un petit village. Pour ses seize ans, nous avons déménagé dans la banlieue londonienne. Mon fils a commencé à sortir tous les soirs et rentrait quelquefois avec un garçon. J’ai commencé à m’alarmer sérieusement quand je le croisais le matin en train de déjeuner en slip avec son copain. Il comptait sérieusement sur ma compréhension. Je me demande même parfois s’il ne pense pas que je suis fière de lui parce qu’il est gay. Pour moi, c’était complètement cauchemardesque! Je me suis retrouvée comme beaucoup de mamans à chialer sur les petits-enfants que je n’aurais pas. Je voulais lui en parler mais Nathalie m’a dissuadée en me mettant face à ma réalité «trouble». Sans l’appui de ma compagne, je pense que je me serais tapé la tête contre les murs jusqu’à l’agonie. Car, voyez-vous, je me sentais responsable de l’avoir élevé dans un environnement où les repères étaient trop élastiques. J’ai compris beaucoup de choses sur moi et plus généralement sur l’espèce humaine. Depuis Nathalie s’est démerdée pour me faire rencontrer d’autres parents dans la même situation qu’elle a dû dénicher sur le net. J’ai fait beaucoup de chemin depuis. Mon fils est parti vivre avec son copain à Oslo et nous sommes à nouveau très proches.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

homosexualité et gémellité ne font pas toujours bon ménage. Pour être dans cette situation, je peux témoigner que le fait d'être toutes les deux homosexuelles ne créent pas pour autant des affinités entre ma soeur et moi. Je dirai même que c'est une source de conflit dans la mesure où ses ex me prennent pour elle et je m'en prends plein la gueule pour pas un rond tellement elle les traite bien.

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