Polaroïd : Les meilleurs polars Lesbiens

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J.F. bien sous aucun rapport, ‘polarophile’ endurcie, un peu parano, un peu psychopathe cherche lesbo-héroïnes pour partager intrigue, frissons, suspens et garde très rapprochée sous couette hivernale.
J’ai mené l’enquête et je les ai trouvées : des goudous en uniforme, inspectrices de charme ou de choc, des détectives en herbe, enquêtrices malgré elles ou bien confirmées, de la butch, de la lipstick, de la vieille garde et de la déjantée... bref, la gamme complète du polar conjuguée au féminin pluri-elles.
Jeu de piste entre les donzelles à travers neuf romans policiers et un cadeau Bonus :

Lauren Laurano, la privée cacao-dépendante de Greenwich Village
Sandra Scoppettone, une des pionnières du polar lesbien, est italo-américaine et bobo new-yorkaise d’une cinquantaine d’années, tout comme son héroïne. Dans « Je te quitterais toujours », la détective est confrontée au meurtre de sa meilleure amie et lui découvre des vices et des failles insoupçonnées, ainsi qu’à d’autres de ses proches. Déstabilisée, elle mène l’enquête de façon assez anarchique, tout en alternant remise en question personnelle et prise de conscience d’une Amérique ravagée par une politique économique et sociale destructrice. Pas de fortes angoisses, ni de suspens insoutenable dans ce petit opus, mais une héroïne attachante aux petits défauts soulignés par une bonne dose d’autodérision, et juste ce qu’il faut d’indices, de fausses pistes et de rebondissements pour maintenir l’intrigue à bon rythme.
Sandra Scoppettone, « Je te quitterais toujours », Editions Pocket.

Saz Martin, la garde rapprochée londonienne destroy
Néo-Zélando-londonienne, Stella Duffy nous entraîne dans le monde impitoyable du Rock’n Roll avec « Beneath the Blonde », un groupe de brit-pop à grand succès dont la sulfureuse chanteuse est menacée de mort. Saz Martin, tête brûlée au second comme premier degré s’y colle, non sans quelques arrière-pensées… La construction narrative est complexe, oscillant entre passé et présent, récit et journal (de l’assassin), ce qui donne à la lectrice toutes les clés pour mener sa propre enquête. Un polar à sensations, ambiance sexe, violences et révélations, la touche de trash anglais en plus, où l’intrigue dévoile des rapports homos-hétéros assez subtils et une belle histoire d’amour.
Stella Duffy, « Beneath the Blonde », Editions du Serpent à plumes.

Hanne Wilhemsem, « l’Homelette » norvégienne plus glaciale que givrée
Anne Holt s’y connaît en homicides. Ex-avocate et ministre de la Justice norvégienne, elle signe avec « La Déesse Aveugle» un polar hyper-réaliste où l’enquête est décortiquée avec une précision quasi chirurgicale. Hanne Wilhemsen, inspectrice à poigne, incorruptible et tenace, mène l’enquête dans les eaux troubles des maîtres du barreau d’Oslo, en compagnie d’un procureur au cœur sensible. Malgré une trame bien construite, l’intrigue est alourdie par trop de complications et de personnages secondaires insignifiants, le rythme narratif est englué dans des pages et des pages de descriptions minutieuses. Du polar intello et froid sur fond d’exotisme nordique à moins quinze degrés.
Anne Holt, « La Déesse Aveugle », Editions Odin.

Junko Go, la flic américano-japonaise qui aime les flingues et l’action
Avec la trilogie des « Tokyo… », Anne Rambach nous offre du polar haut de gamme au style impeccable et à la trame parfaitement calibrée entre suspens, action et immersion sociologique dans un Japon à la fois fascinant et effrayant. Pas étonnant que le succès des trois romans se prolonge dans leur parution en poche.
Junko Go, américaine d’origine nippone, quitte Washington pour travailler avec son père, chef de la police de Tokyo. Beaucoup de tempérament, un goût immodéré pour les armes à feu et une sexualité bien assumée en font un personnage combatif, oscillant sans cesse entre impulsivité et réflexion à froid. Ici, pas ou peu de petits meurtres de quartier mais du crime en série, des assassinats politico-financiers et des incursions réalistes dans les mafias asiatiques. Particulièrement denses et bien documentés, ces polars se distinguent dans un style très cinématographique, avec des courses poursuites et des arrestations musclées dignes des meilleurs séries américaines.
Anne Rambach, « Tokyo Chaos », « Tokyo Atomic », « Tokyo Mirage », Editions Calmann-Lévy, en poche chez Pocket.

Kellen Stewart, la thérapeute écossaise multicarte
Avec « Sur les dents », son premier polar largement salué par la critique outre-Manche, Manda Scott nous livre un polar 100% hétéroclite, méli-mélo d’ambiance rurale et de laboratoires génétiques, d’amours féminines et de scènes sanglantes, le tout servi avec un humour mordant et un rythme palpitant. Entre effractions répétées et affrontements risqués, Kellen Stewart et sa meilleure pote forment un duo attachant de casse-cou prêtes à tout pour élucider la mort de l’ex - grand amour de Kellen. L’intrigue est bien construite, les fausses pistes nombreuses, l’action rocambolesque et le style agréable, avec une lesbian touch marquée, celle d’une communauté amicalo-sentimentale où les histoires s’entrecroisent.
Manda Scott, « Sur les Dents », Editions Le Masque, collection Les reines du crime.

Stéphane Brandoni, l’inspectrice hétéro-ambiguë en plongée dans goudouland
Avec « Brandoni’s Blues », Sylvie M. Jema prend le contre-pied du polar lesbien. Ici, seule l’inspectrice est hétéro dans un univers entièrement peuplé de goudous. Et pour cause ! Elle enquête aux côtés de la principale suspecte sur des crimes en série commis dans le milieu lesbien avec pour seule signature une image pieuse citant les prophéties vengeresses de l’Ecclésiaste. Brrr… Une intrigue à plusieurs tiroirs qui éveille d’emblée la curiosité ; un suspens prégnant et un rythme parfaitement maîtrisé font de ce polar classique un excellent roman qui se dévore d’une traite.
Sylvie M. Jema, « Brandoni’s blues », Editions de La Cerisaie.

Kate Delafield, la détective californienne militante et sensible
Katherine V. Forrest fait partie de ces lesbiennes américaines qui ont durement lutté pour les droits des femmes, des homos, des noirs et de toutes les minorités face à une Amérique conservatrice et puritaine, et ça se sent ! Kate Delafield, détective au Los Angeles Police Department, combat avec l’énergie des grandes militantes des crimes généralement à caractère sexuel, raciste ou homophobe. Dans « Meurtre au Nightwood Bar » elle enquête sur la mort d’une jeune et trop jolie lesbienne en traînant son fidèle équipier ‘beaufisant’ comme un boulet dans un milieu goudou haut en couleur. L’occasion pour la détective de sortir de sa coquille, d’affirmer son identité et peut-être de rencontrer l’âme sœur. Rien d’exceptionnel là-dedans mais le roman se lit bien grâce à une intrigue suffisamment fournie et rythmée, des petites touches d’humour bienvenues et des personnages psychologiquement bien profilés.
Katherine V. Forrest, « Meurtre au Nightwood Bar », Editions H&O.

Carol Ashton, l’inspectrice australienne au cœur brûlant
Assez peu connue en France, Claire McNab est une auteure à grand succès en Australie et aux Etats-Unis grâce à sa série des enquêtes de Carol Ashton. Il faut dire que c’est l’héroïne modèle : belle, intelligente et indépendante, elle mène son investigation avec maestria, laissant derrière elle un parfum envoûtant. Dans « Leçons de Meurtres », la blonde inspectrice officie dans l’univers sans pitié des profs de lycée, secoué par un meurtre sanglant sur fond de lettres anonymes, menaces de mort et harcèlement. L’enquête se double rapidement d’une leçon de séduction auprès de la suspecte numéro 1, une magnifique rousse hétéro… Ce polar de facture un peu trop classique, sans aspérités ni dans le style ni dans l’intrigue, offre néanmoins le plaisir d’une belle galerie de personnages à travers des profs plus barrés les uns que les autres.
Claire McNab, « Leçons de Meurtre », Editions H&O.

Lola Montale, une suspecte dans la tourmente sur un rythme de salsa
Avec « Panique à l’Adessic », Paola Cicagna s’inscrit dans le polar léger et drôle, à deux doigts de la parodie. Fraîchement larguée par la femme de sa vie et démissionnaire dans la foulée de son poste de cadre à l’Adessic, Lola n’aspire plus qu’à la simplicité, la légèreté et la tranquillité. C’est compter sans l’assassinat de son ancien chef de service, pour lequel elle fait figure de suspect numéro 1. Déterminée à sauver ses fesses des bancs froids de la prison, la voilà lancée dans l’enquête malgré elle, avec à ses côtés une brésilienne explosive toute en fureur et sensualité. Le style est bon et privilégie l’humour à chaque page, le réalisme s’inscrit plus dans les réactions de l’héroïne que dans l’intrigue, assez peu crédible, mais qu’importe ! Ce petit polar sans prétentions réussit à faire passer un très bon moment.
Paola Cicagna, « Panique à l’Adessic », Editions de La Cerisaie.

L’inclassable : une anonyme à la dérive, le flingue à portée de main
« After Delores », de Sarah Schulman, est considéré comme un roman culte dans la communauté goudou américaine et a su séduire au delà des adeptes du roman noir, très noir. L’auteure y campe une serveuse new-yorkaise submergée par la haine et le désespoir quand sa belle Delores se barre pour une yuppie friquée. Cette femme qui perd peu à peu le contrôle de sa vie jusqu’à en perdre son nom- même, entame une errance inquiétante et brutale dans un New-York rongé par l’exploitation de toutes les misères. Elle y croisera une Priscilla Presley plus vraie que nature, un flingue, un meurtre, un couple d’amantes maudites, une poétesse urbaine portoricaine et quelques mal-aimables connes. Le sexe y est violent comme un coup de couteau dans une plaie béante, les dialogues aussi décousus qu’un lendemain de cuite et l’ambiance générale le dispute aux romans de Burroughs ou de Bukowski. Autant dire qu’on n’en sort pas tout à fait indemne…
Sarah Schulman, « After Dolores », Editions 10/18, collection : Domaine étranger.

Après tout ça, c’est pas sûr que la nuit vous soit douce, mais vous aurez bien fait travailler vos pulsations cardiaques…

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