Rupture : dix raisons de se réjouir



(by Orely - photo Alix Hafner)
1/ Plus de place dans le lit. Et c’est bien pratique quand on passe sa nuit à se retourner sans cesse et à pleurnicher. Finis aussi les réveils en pleine nuit par une sorte de pitbull hargneux sous le fallacieux prétexte qu’on « ronfle comme un charcutier alcoolique » ! Et puis pour ramener ses futures conquêtes, c’est quand même plus confortable, non ?
2/ Un certain détachement face aux petites choses matérielles de la vie. Dormir, travailler, manger… tout nous paraît soudain de peu d’intérêt. Rassurez-vous, l’ascétisme prend fin en quelques jours, le temps nécessaire pour perdre une taille de pantalon, et rentrer à nouveau dans celui qu’on portait quand on l’a rencontrée. C’est vrai qu’il nous fait un beau petit cul !
4/ Des obligations familiales (ou amicales) en moins. On ne lui avait jamais trop dit, mais franchement sa mère, son père, son collègue Marc ou sa copine Fatima, ça va bien cinq minutes, et encore une année sur deux ! En plus faire sauter le déjeuner dominical à Passy, c’est tout ‘bénèf’ pour récupérer de sa méchante cuite du samedi soir (rupture excuse)!
5/ La totale maîtrise des programmes TV. Même les pires daubes à des heures pas possibles, ou au contraire les Théma d’Arte avec film d’auteur finlandais et sous-titres rikikis. Pareil pour le choix des DVD à louer, la taille de la pizza (avec supplément double fromage per favore), l’option au fond du lit ou sur canapé, et notre tenue de combat spéciale « je suis seule contre le monde entier », justement ce vieux pyjama qu’elle avait voulu nous faire jeter. Comme quoi on a eu raison de résister à sa manipulation névrotique (oui, on vient de finir le dernier Psychopathologie Magazine spécial rupture).
6/ Une vie sociale de jet-setteuse. Soudainement, on se sent plus proche des autres. On rappelle la famille, même un peu éloignée, les vieux potes qu’on avait plus ou moins perdus de vue, les copines qu’Elle rechignait à inviter, et bien sûr les indétrônables de notre carnet d’adresses, temporairement délaissées pour cause de crise conjugale. On ne refuse plus une seule invitation à sortir, même par de vagues connaissances, et on se surprend à discuter spontanément avec le couple de la table d’à côté. Et là on commence à se dire que, si elle n’a pas su nous apprécier à notre juste valeur, d’autres peuvent s’en charger.
7/ Une amitié renouvelée avec notre ex-Ex. Celle d’avant Elle. Comme c’est bon de discuter avec une ex qui n’a plus rien à vous reprocher, et dont l’évocation n’amène ni yeux humides ni boule dans la gorge ! En plus elle est hyper d’accord pour critiquer la nouvelle ex et épouser tous vos ressentiments. D’ailleurs, elle nous avait dit dès le début que cette fille n’était pas pour nous. Tant de sollicitude, c’est touchant. Attention toutefois à ne pas se laisser «toucher», au sens concret du terme, par l’ex-Ex sous peine de se souvenir très vite du pourquoi de la rupture d’alors et gâcher cette récente amitié par un nouveau statut d’ex-ex-Ex, assez incompatible avec la sollicitude pré-citée.
8/ Un relationnel pacifié. Depuis qu’on sait qu’Elle se vautre dans le stupre et la guimauve avec l’Autre, toute notre agressivité et nos petites humeurs de bouledogue sont focalisées sur les deux traîtresses. Du coup nos habituelles têtes de ‘trucs’, collègues, famille, voisinage, nous trouvent soudainement adoraaable et se montrent hypeeer sympas avec nous. C’est-y pas magnifique un monde de paix et d’amour ?
9/ Une vision latérale à double détente. Première phase : une vision un peu floutée où l’on repère toutes celles qui Lui ressemblent. Le trouble s’accompagne généralement d’un pincement dans la partie gauche de la poitrine, plus ou moins douloureux, voire d’une légère nausée. Deuxième phase : notre regard s’élargit et l’on constate que d’autres filles ne Lui ressemblent pas, et qu’ Elles pourraient bien nous plaire ! Les symptômes associés vont du simple relevé de commissures de lèvres à une forte chaleur dans le ventre, oui, là, plus bas, en passant par des battements de cœur accélérés. On apprécie. On fantasme. Et plus si velléités.

10/ Un potentiel sexuel débridé. Maintenant qu’on porte des lentilles et ce vieux jean qui nous fait un beau cul, qu’on a un agenda mondain digne d’une diva du Marais, qu’on a re-laissé tomber notre ex-Ex et récupéré notre vision latérale dans les soirées goudous, on commence à envisager de re-remplir ce grand lit qu’on a pour nous seule. Et là on s’aperçoit que la rupture est LE plus beau cadeau qu’Elle nous ai fait : la renaissance du jeu de séduction, en toute liberté et en toute impunité, au gré de nos envies et de nos rencontres. Sentir le désir dans le regard de l’autre, se sentir soi-même troublée, se chauffer par des sourires, des effleurements et des petites phrases ambiguës, puis goûter une nouvelle bouche, une nouvelle peau, comme c’est bon ! Dire qu’on avait failli l’oublier…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

ça fait du bien par où ça passe. C'est vrai que la rupture façon goudou est assez particulière. leurs ex sont tellement adulés qu'on se demande si une goudou arrive vraiment à rompre.
Merci à l'auteure de cette article , ça permet de dédramatiser.

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