A tout rompre

Qu’ y a t-il avant la rupture ?
Prenons l’exemple d’un objet qui se casse. Avant, il était un, intègre. On pouvait le nommer : un vase, une assiette, un verre… Il se brise : il n’a plus de nom, il n’est plus qu’une somme de morceaux épars. Il ne sera plus jamais vase, assiette, verre. Il y a eu rupture. Quand il s’agit de deux personnes liées par l’amour, la rupture est la même.

Avant, il y avait fusion, serments, serrements… et une volonté de croire en une histoire pouvant se nommer ‘couple’, ‘entité’.
Après la rupture, il reste deux êtres dépouillés d’une histoire qui leur donnait la possibilité de se voir un, inséparables : deux histoires au lieu d’une. L’équilibre est rompu, le rythme aussi.
Il y a cessation, coupure dans le quotidien. Je parlais avec lui, avec elle. Je parle maintenant avec moi, de lui, d’elle.
Le tissu de nos rêves, de nos désirs est déchiré. Plus de ‘nous’, l’autre parle de son côté, moi du mien.
Si s’aimer, c’est regarder ensemble dans la même direction, après la rupture, le paysage que je contemple n’a plus l’approbation de l’autre.
Quand le ‘nous’ qui construisait la vie sur les mêmes fondations n’existe plus, il reste le désert - ponctuel - à accepter.
Le ‘nous’ ne refera pas les mêmes gestes, jamais plus.
D’abord la séparation des corps : ses yeux, son sourire, son odeur, sa voix, ses peurs… jamais plus.
Je redeviens une, une demie ?
Après la séparation des corps, déjà si nostalgiques, la séparation des âmes, plus difficile encore.
Elle/il existe quelque part - ailleurs - moi aussi et jamais plus ‘nous’. Ce visage si souvent aimé, caressé, contemplé ne se regardera plus. Terrible constat.
Seule possibilité pour ne pas m’enliser dans le regret, le grief, le remord, la culpabilité : je regarde devant. Et là, quand j’émerge de la prison confortable du couple, je vois à nouveau les alentours. Les autres existent, je redeviens humble, je reviens vers la vie. Jusqu’à un autre, qui rendra possible à nouveau l’illusion d’être ‘un’ à deux. Et qui sait, ce sera peut-être la/le même !
Pour sortir de ce cercle vicieux, vicié, prenons de la hauteur avec les maîtres zen et écoutons ce qu’ils ont à dire sur l’individualité occidentale :
« N’oubliez pas que la personne qui vient faire ses adieux n’existe pas. Ni la personne à qui elle vient faire ses adieux. Ni le lieu où la scène se passe ».
Je n’existe pas, tu n’existes pas. C’est ce qui s’est passé entre nous qui existe, c’est la relation qui existe (ou qui a existé), ce souffle qui nous mêle et nous soulève. Le vivant est cet espace entre toutes nos expériences.
« Et de défaite en défaite, il grandissait » Rilke.
Nous vivons et nous mourons de nos images, pas de la réalité. La réalité ne peut rien contre nous. Elle n’a pas de pouvoir. C’est la représentation que nous en avons qui nous tue ou nous fait vivre.
Je m’empêtre dans ma relation amoureuse en rendant l’autre responsable de ma survie. C’est un contrat de vampirisme mutuel, une mendicité de l’amour.
M’abandonner après tout ce que j’ai fait pour toi ? Mais personne ne nous doit rien !
Quelles qu’aient été les déceptions, les trahisons, peu importe…
« Abandonnez toute expérience, vous qui entrez » Dante
Aimons sans espoir, sans attente, sans représentation.
par Claude D

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