Voulez-vous rompre avec moi, ce soir ?

Voulez-vous rompre?
Ou bien est-ce seulement un test ?
Je dis au revoir pour voir et elle ne me retient pas. Rêve de rupture.
Ne rêve pas, un électrocardiogramme plat comme ça, c’est rare... Ou bien à le chercher dans la première semaine : on ne sait pas pourquoi on s’est revues, désoeuvrement, curiosité (c’est déjà ça), besoin sexuel, puis point d’interrogation des deux côtés. Parfois on reste, pensant que l’amour vient après (‘Love don’t come easy’, Cindy Lauper). Mais la rupture peut déclencher une prise de conscience et être le début d’une relation.
Alors on sait au moins pourquoi on se remet ensemble. Eloge de la rupture.
La rupture doit au moins être une mise au point. Si je quitte quelqu’un sans lui donner d’instruments pour me retenir, c’est que je suis déjà partie. (Je suis venue te dire que je m’en vais et que tes larmes…Gainsbourg). Comme le trappeur, j’ai effacé mes traces et j’ai disparu comme par enchantement. Ce genre de rupture est aussi compliquée à réaliser que cruelle.
La plupart du temps, la réalité matérielle (des affaires en commun) nécessitent la plus grande diplomatie. Je veux me départir d’une nuisance mais je n’ai pas dit de tout. Si le confort m’a fait supporter cette relation, acrobatique dans d’autres domaines, c’est que bien évidemment il compte pour moi. Dilemme. Bon, venons-en à la rupture. Est-ce vraiment l’océan de douleur qui me dissuade de partir ? La rupture a un caractère théâtral qui me donnera de l’importance et à elle aussi. Moi je vais briller par mon absence. Je vais me sentir super aimée, sans les nuisances (le rêve !). De l’autre côté, elle devrait être flattée, au moment où je la quitte, d’avoir réussi à me coloniser tout ce temps. Elle n’est pas si mauvaise, c’est bien pour çà qu’elle est encore là. Si je la soupçonne d’incapacité, de froideur, si elle m’a polluée de sa jalousie, etc., si elle m’a occupé l’esprit au point d’être devenue indésirable, c’est quand même un exploit. Je dois m’avouer que j’ai aimé sa combativité, son opiniâtreté, son sadisme même.
Mais une rupture devrait être historique. Pas plus de deux ou trois ruptures par relation ! Si je romps trop souvent avec la même personne, comment vais-je faire quand j’aurai l’intention de rompre vraiment? Il n’y a que deux jokers dans un jeu.
Avant d’abattre toutes mes cartes, je peux toujours essayer l’absence pour commencer, un petit peu d’absence manifeste sous des formes diverses : nouvelles activités, nouveaux contacts, nouvel espace où elle ne sera pas invitée. Si elle se montre au garde-à-vous, toujours collée, j’aurai le choix de trouver ça lourd ou léger !
Je n’oublie d’ailleurs pas que notre époque nous a mis à disposition une carte difficile à négocier, mais bien pratique quand même : le break. Pendant le break, elle ne sera pas non plus invitée, sauf à oublier mon numéro. Ne sera pas même mise au courant, j’ai besoin de souffler, son poids me donne des ailes. Le break est une rupture miniature qui est censée éviter que nous nous déchirions mutuellement quand ça devient déchirant. Elle qui reste sur le quai devrait en profiter pour réfléchir sérieusement au registre ‘remise en question’ et de fond en comble. Car un break, elle devrait le savoir, c’est mauvais signe. Si tu as des excuses à faire, n’attends pas un seul jour. Déjà, n’attends pas que je te pardonne si tu ne me l’as pas demandé.
Comprends que je veux passer à autre chose maintenant et ne reste pas comme une automate à jouer au même jeu qui m’ennuie. Tu as oublié que la règle, c’est de ne pas se prendre au jeu. C’est ne pas vouloir gagner à tout prix. Et cette manie que tu as de tricher… tu ne m’as pas bien regardée pour me la jouer comme ça maintenant! Tout le monde est toujours libre, malgré les contrats.
Je ne vais pas lui faire croire que c’est elle qui me quitte, je vais lui demander de me laisser partir. Quand on n’a pas réussi à se faire une vie pour deux, où chacune trouve sa place et se sent bien, c’est que c’était déjà ma vie contre la sienne, nous nous vampirisions, surtout elle. C’était ou moi ou toi, mais pas nous. Dorénavant je ne parlerai qu’à la première personne. Le nous nous amène trop vite au tu. Tu c’est un autre je. Montre-toi, au lieu de m’adresser tes reproches, annonce quelque chose, propose quelque chose. Cultiver sa forme, sa visibilité, s’exprimer dans ses désirs n’est jamais perdu. Dès que je crois savoir pour toi, je t’empêche de sortir du bois. Dangereux, la vie à deux !
Si la rupture n’est qu’un écho quand l’amour est déjà mort, à la peine d’amour s’ajoute péniblement le sentiment d’échec. Les reproches sont ‘petit joueur’. Je n’ai pas besoin de me déculpabiliser, ce n’est pas élégant. Il faut savoir assumer.
La rupture n’est jamais aussi douloureuse que quand elle vient achever, telle une hache à couper le beurre, notre amour vacillant. Comme un enfant, l’amour supporte tout, qu’on le transperce ou qu’on le déchire, il est plastique et continue à sourire longtemps. On croit qu’il est résilient, que c’est une fiction, mais sa réalité le rend lui aussi mortel. Pour le tuer, il ne faut pas y aller de main morte. Rompre est un coup qui se veut fatal. Mais la fin de l’amour ne coïncide pas avec la rupture (je ne t’aime plus depuis que tu m’as larguée ou je ne t’aime plus depuis que je t’ai larguée).
La rupture est souvent une fuite. Parfois salvatrice. Dix de perdues, une de retrouvée : moi !
Celle qui soupire encore, qu’elle se réjouisse car c’est ce qu’elle peut espérer de mieux. La compulsion d’errer sous mes fenêtres laissera tôt ou tard, je n’en doute pas, place à «un seul être vous manque et tout est... repeuplé».
Sinon, va consulter !

Aucun commentaire:

Magazine Lesbien

Interview Erin Daniels

Interview Erin Daniels
RDG convention L word
Interview Erin Daniels (Dana Fairbanks, L word)

Erin Daniels : entrée en matière

Erin Daniels parle de son actualité

Erin Daniels Parle de Sarah Palin et des élections américains

Erin daniels parle de Lword et de sa carrière