Nous avons mis un an avant de pouvoir traiter ce sujet. La principale difficulté a été de trouver des témoignages et au bout de cette recherche, nous n’avons trouvé que quatre personnes qui sont passé du lesbianisme à l’hétérosexualité dont deux n’ont pas souhaité témoigner ! Mais pourquoi ce sujet me tient-il autant à cœur ? Je vous raconte :
Il y a deux ans, une copine, plus-goudou-tu-meurs, me confie qu’elle a craqué pour un mec. Sur le coup, je n’ y prête pas vraiment attention et lui dis qu’il y a beaucoup de femmes hétéros qui se découvrent une attirance pour les filles, alors pourquoi pas dans l’autre sens. Elle faisait partie de la même bande que moi. Encouragée par ma réaction , elle décide d’en faire part au reste de la bande, et là … le tollé ! Après une demie-heure de hurlements, (et croyez-moi, une douzaine de goudous contrariées, ça produit plus de décibels qu’une centaine de mioches dans une cour de récré) le lynchage en règle a commencé :
«- Tu files un mauvais coton, ça te passera.
- C’est pour faire l’intéressante, c’est ça ?
- Pour coucher avec un mec, il faudrait déjà qu’il sache que t’es une fille !...»
J’étais bien tentée de la soutenir mais je n’avais pas vraiment envie d’être passée à tabac ce soir-là. Je risquais de temps en temps un timide : « Mais qu’est-ce que ça peut vous foutre !». Mais, à chacune de mes incursions, douze paire d’yeux se tenaient prêts à me transpercer de leur laser haineux.
Roselyne - Nantes
Je vivais depuis quatre ans avec ma partenaire quand nous avons décidé d’avoir un enfant. Enfin…c’est elle qui a mis le sujet sur le tapis. Petit à petit, l’idée a fait son chemin dans nos têtes et ce qui était au début son projet est devenu « notre» projet . Nous avions autour de nous quelques couples de garçons, donc nous prenions tout notre temps pour choisir. Nous avons mis tellement de temps... que ma chère compagne a rencontré une autre femme et en est tombée amoureuse ! Après le drame de la rupture, les hectolitres de larmes et les éclats de voix, elle a fini par se barrer. Je me suis donc retrouvée seule, avec toujours cette envie qu’elle avait suscité d’avoir un enfant.
C’est à ce moment-là que je me suis mise à regarder mon collègue de bureau d’un oeil intéressé. Il n’y prêtait pas vraiment attention car je l’avais informé dès le premier assaut de drague que je ne mangeais pas de ce pain-là. J’ai commencé par le trouver sympa, puis intéressant, puis beau (ça a pris un peu plus de temps que le reste), puis désirable. En deux mots, je me suis mise à l’aimer. Tout s’est enchaîné très vite : week-ends amoureux, appart à deux, crédit revolving…
Sur notre première nuit d’amour, je ne m’étendrai pas, mais on ne s’imagine pas le trac que j’avais : je me demandais si j’allais m’y prendre comme il faut, me disais que ça allait faire bizarre de ne pas trouver une magnifique paire de seins sur le torse. Bref, ça s’est bien passé ! Finalement, les mecs, c’est d’une simplicité pour ces choses-là !
Et puis nous avons eu Thomas. Deux ans plus tard, nous sous sommes séparés. Cela fait trois mois que je suis célibataire mais croyez-moi, ce n’est pas du côté des filles que je regarde.
Lena , 29 ans, assistante médicale, Perpignan
A 15 ans, la plupart des filles de ma classe avaient déjà leurs règles… pas moi ! Je le vivais assez mal. Je ne comptais plus les nuits passées à me demander si j’étais une vraie fille, craignant de me réveiller un matin avec des poils sur les seins ou pire encore : une bite ! Mais ça, ce n’était qu’un aspect des choses. Ce qui me mettait mal à l’aise, c’était le fait que mes copines flirtaient avec les garçons et trouvaient ça super ! Moi, ça ne m’inspirait que du dégoût. J’ai décidé alors que le mieux dans mon cas était de « faire » lesbienne. En sortant avec une fille, je résolvais à peu près tous mes problèmes: si je deviens un garçon, je me trouve dans un cas d’hétérosexualité classique, par contre, si je deviens fille (pour ça, il faut avoir ses règles), je suis simplement lesbienne, ce qui me semblait alors moins dégoûtant que d’être obligée de se taper un mec. Finalement à 16 ans, j’ai eu mes règles, mais je n’avais toujours pas envie de flirter avec les garçons, alors je me suis choisie une fille, je l’ai draguée à l’ancienne (fleurs, poèmes, tatouage de son prénom sur mon bras ...), elle n’a pas résisté.
Pendant dix ans, je me perfectionnais en homosexualité sans états d’âme. A 25 ans, j’étais la seule lesbienne de ma bande. Les filles avec qui je m’entendais bien sortaient toutes avec des garçons. Je me suis mise alors à comparer mon couple aux couples hétéros... Et comme j’ai décidé une première fois d’être lesbienne, j’ai décidé cette fois-ci de devenir hétéro. J’ai réussi le rite de passage sans trop d’efforts. Mes copines hétéros n’en reviennent pas. Ma meilleure amie m’a confié récemment : «Il faut être maso pour sortir avec un mec quand on a la chance de pouvoir le faire avec une femme ».
1 commentaire:
C'est bien de parer de ce genre de sujet. Moi j'ai fait le chemin inverse de hétéro à lesbienne. Et quelle lesbienne ! Je crois que je suis plus radicale que celles qui l'ont toujours été
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