Marie Savard est psychologue , elle a accompagné depuis treize ans de nombreux Coming-out. Nous lui avons demandé des conseils.
Existe t-il une méthode simple pour faire son«coming-out»?
Il n’existe pas de « méthode » pour faire son «coming-out» et on ne peut d’aucune façon s’appuyer sur un scénario pré-écrit et appris par coeur. Cela dit, s’il n y a pas de méthode universelle, il est évident que mieux on vit son homosexualité, plus il sera facile de la révéler.
Quelles sont les règles de base à respecter ?
L’Autre n’est pas Soi ! Il y a une différence entre s’ouvrir de son homosexualité à un proche et « lui refiler la patate chaude ». A t-il envie de l’entendre ? Il arrive souvent que des parents parfaitement informés de la situation esquivent le «coming-out» car il heurte leur pudeur. Dans ce cas, le non-dit doit laisser place progressivement aux demi-mots. Le silence est quelquefois l’expression d’une complicité.
Que faire alors de son besoin de le dire ?
Le besoin de formulation appartient à l’homosexuel et ne concerne aucunement l’autre. Il (l’homosexuel) doit tenter de le comprendre avant d’entreprendre la démarche de le dire. Si l’homosexuel s’est appliqué à simuler une hétérosexualité, il n’est pas étonnant qu’il vive ce silence comme un mensonge et cela nous ramène encore une fois à sa propre acceptation de son homosexualité.
Existe t-il un moment idéal pour ça : repas de famille, tête à tête avec les parents , la mère d’abord… ?
Le cliché du coup de théâtre pendant le repas dominical me dérange quelque peu. Nous entretenons des liens différents avec chaque membre de la famille. Par respect, il est donc souhaitable d’adapter « son annonce » à l’interlocuteur.
Peut-être peut-on le dire à la mère pendant qu’on l’aide à essuyer la vaisselle et privilégier l’écrit pour le père qui a besoin de le gérer seul.
Peut-on préparer l’Autre à notre révélation ?
Ne pas s’afficher avec un faux boyfriend ou une fausse girlfriend est une façon de préparer l’autre. S’intéresser à l’opinion de l’Autre n’est pas superflu. ..même si je connais personnellement le cas d’un père qui tenait des propos homophobes à longueur de journée et qui a très bien accepté l’homosexualité de son fils. Il y a l’homophobie silencieuse qui se passe de mots, l’homophobie culturelle façon humour potache, de même qu’il existe des millions de gay-friendly qui considèrent l’homosexualité comme une pathologie...tout aussi dangereux à mon sens.
Que faire si un des parents ou les deux réagissent mal ?
Encore une fois, le «coming-out» ne peut bien se passer que s’il est accompagné de respect. Le minimum que l’on doive à l’autre c’est de lui laisser le temps de digérer. Surtout ne pas exiger une adhésion sans réserve de suite. Je connais des homosexuels qui ne voudraient pas avoir des enfants homos ! La personne qui reçoit la confidence suit un processus connu de tous : Suis-je responsable ? Puis-je le(la) guérir ? ça lui passera avec le temps… La présence d’un allié (frère, sœur, tante, grand-mère..) peut s’avérer précieuse pour soutenir les parents. Et même s’il arrive encore que les ruptures soient violentes et les rejets irréversibles, dans la majorité des cas , les choses finissent par s’apaiser.
Souvent on révèle son homosexualité quand on est amoureux, N’est-il pas préférable de laisser s’écouler du temps avant les présentations ?
De la considération, il en faut aussi pour le (la ) partenaire, le (la) jeter dans la gueule du loup ou pire, s’en servir comme bouclier pour faire sa déclaration n’est pas très élégant. Il vaut mieux présenter son amour le jour où on est sûr qu’il sera bien reçu.
Comment s’y prendre pour le dire à ses amis ?
Il arrive souvent que les amis soit blessés par le secret. Leur cacher son homosexualité, c’est douter de leur ouverture d’esprit. Laissez-moi vous dire une chose : après la sortie de placard, la réflexion qui revient le plus souvent est : j’aurais dû le faire plus tôt !
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