
Nous publions une série d’entretiens avec des femmes qui nous parlent de leur lien à leur corps : ce qu’elles aiment, ce qu’elle detestent, leurs plaisirs et leurs difficultés. Avec l’unique objectif de partager. Parler pour mieux se connaitre. Nos confidentes sont des lesbiennes d’âges différents, en couple ou célibataires, jeunes et moins jeunes. Nous débutons avec trois témoignages pudiques et sincères, immersion en douceur dans l’intimité des lesbiennes.
Entretien avec layla - 42 ans- Kinésithérapeute
Quelles sont vos zones érogènes ?
À part ce qui est évident… je dirai ma peau, d’une façon générale.
Vu que ça couvre tout votre corps, ça doit ouvrir des perspectives …
Ça ne veut pas dire que n’importe quelle partenaire peut me combler. J’ai la chance d’être avec une femme très intuitive, attentive et réceptive aux messages envoyés par ma peau. Rarement on avait autant compris le langage épidermique.
Avez-vous l’impression que l’intensité de votre plaisir sexuel augmente avec les années ?
Je ne sais pas si ça augmente, mais les sensations sont différentes. C’est la perpétuelle découverte. À chaque nouvelle expérience, de nouvelles sensations. L’exploration est infinie. Rien n’est figé, je peux être clitoridienne, vaginale ou les deux. Dans une expérience déjà vécue, la sensation peut aller plus loin et donc être nouvelle.
Que vous a-t-on déjà fait que vous n’avez pas aimé ?
Je n’aime pas la brutalité. Je ne déteste pas le rapport de force ou la domination mais la douleur physique ne m’apporte pas d’excitation … Bien au contraire ! Je n’aime pas non plus la monotonie, je me lasserais vite si j’étais avec quelqu’un qui fait tout le temps l’amour selon le même rituel.
Quelle est l’expérience qui vous a le plus marquée ?
Faire l’amour dans la forêt en pleine journée avec quelqu’un dont j’étais très amoureuse. J’ai ressenti quelque chose de très bestial … presque atavique. Le lieu, le risque de se faire surprendre, la crainte d’un voyeuriste planqué dans un arbre, le soleil … Un cocktail d’ingrédients qui m’a menée à l’explosion.
Qu’est ce que vous n’aimez pas qu’on vous demande ?
Encore une fois, la brutalité : faire un peu mal dans un jeu érotique, je conçois… mais le rapport de force est un subtil dosage, le moindre excès peut être contre-productif.
Pensez-vous que les femmes aient facilement accès à l’orgasme … et pensez-vous qu’on simule dans les couples lesbiens aussi ?
J’aime penser qu’entre femmes la communication résout tout ce qui peut entraver l’épanouissement sexuel. Mais dans nos sociétés, l’orgasme est considéré comme un aboutissement et s’il n’est pas là, ça reste inachevé. Je suis moi-même dans ce schéma même si je n’ai jamais simulé. Cette pression de jouir peut pousser certaines à faire semblant.
Est-ce que focaliser sur l’orgasme n’est pas la meilleure façon de ne pas l’atteindre ?
...ne pas l’atteindre et surtout passer à côté de sensations intenses. Je peux être littéralement transportée dans le massage. Sans être dans l’orgasme, je suis tout de même dans une bulle d’exultation.
Quels sont les fantasmes que vous souhaitez réaliser, et ceux que vous voulez garder tels quels ?
Je veux tellement les garder que je ne veux même pas les formuler. Ce que je sais en revanche, c’est que, aussi étonnant que ça puisse paraître, nombre de lesbiennes fantasment sur le rapport hétérosexuel et pas forcément celles qui en ont déjà eu. Comme ce n’est pas dans leur quotidien, ça devient presque une perversion. Ce n’est pas pour autant qu’elles passeraient à l’acte... c’est aussi banal que les femmes hétéros qui fantasment sur une relation saphique.
Laurie -27ans - bibiothécaire
Comment jouissez-vous?
En pensant à mon ex (rires)… non, comme tout le monde je pense.
Comment jouit tout le monde ?
Comme vous et moi ! Pourquoi cet air perplexe? Je pense que nous, les femmes, nous avons besoin d’être cajolées. Nous avons besoin de tendresse et d’amour. Nous ne jouissons pas d’une façon mécanique. Il y a un paquet de choses qui doivent se mettre en place avant d’atteindre l’orgasme: la confiance principalement. Faire l’amour suppose un abandon qu’on ne peut atteindre que si nous sommes rassurées sur les sentiments de l’autre.
Vous pensez que toutes les femmes ont besoin d’être amoureuses pour s’adonner au plaisir ?
Peut-être pas. Je veux juste spécifier que contrairement aux hommes, nous n’avons pas la jouissance mécanique. Une femme qui fait l’amour avec un homme le premier soir n’est pas amenée au lit par le même mécanisme. Je crois que les hommes peuvent faire l’impasse sur la séduction, pas les femmes. L’homme cherche à jouir par besoin, la femme par envie.
Vous êtes en train de creuser le fossé: les différences que vous mentionnez sont probablement culturelles et sociales et ne relèvent donc pas forcément de différences biologiques.
Je dirais que c’est parce que l’homme a besoin de baiser qu’il a mis en place des stratagèmes qui ont obligé la femme à se replier sur son intellect. Je reste persuadée que la femme est différente dans ses besoins. Non pas qu’elle rejette le plaisir, mais elle le sacralise probablement un peu plus.
Armelle, 34 ans, Orthodontiste
Si je vous dis « sexualité », qu’est-ce qui vous vient à l’esprit?
Trop de bruit pour rien. Je n’ai jamais compris la place démesurée qu’occupe la sexualité et ce, depuis toujours. Ce n’est pas le temps que nous passons à faire l’amour qui est trop long, mais le temps que nous mettons à disserter sur la sexualité que nous avons ou que nous n’avons pas.
Peut-être que c’est très important ?
Respirer, c’est important, c’est même vital. On ne voit pourtant pas d’affiches 4X3 montrant quelqu’un qui respire pour vendre un yaourt écrémé ou un parfum.
La respiration, tout le monde y a accès, pas le sexe..
La respiration, tout le monde en a besoin... le sexe pas forcément.
On parle beaucoup de sexe et peu de sexualité féminine…
Le bon fonctionnement de la sexualité féminine repose beaucoup sur le non-dit. Nous ne ressentons pas le besoin de discourir sur quelque chose qui se vit, se ressent. Dans une relation amoureuse, le sexe se substitue ou s’ajoute à la parole. Je veux dire que c’est un moyen d’exprimer ses sentiments et son désir .
Peut-être que la parole a son importance, particulièrement pour celles qui ont des difficultés avec le plaisir.
Même si je n’ai pas de problème avec ça, je connais plein de filles qui rencontrent des difficultés. L’homme est passé outre l’épanouissement de la femme, orgasme compris. Quand on réfléchit pendant des siècles si la femme a le droit de voter ou de travailler, il n’est pas étonnant que pour les questions de plaisir, il faille deux ou trois éternités...
Encore la diabolisation de l’homme?
Non, encore les faits ! L’asservissement de la femme par l’homme n’est pas une affabulation. On a commencé par se demander si la femme était un être humain il y a des siècles et on en est à des lois sur la parité .
Je voulais parler sexualité et on parle féminisme…
La sexualité de la femme est liée à sa condition. Se sentir libre et respectée aide pour une paix avec son corps. La femme ne dispose de son corps que depuis les années 70. Jusqu’alors, les femmes qui osaient avoir envie de jouir étaient des salopes. Personnellement, c’est une femme qui m’a enseigné le plaisir. Avant Pascale, j’étais avec des hommes avec qui je ne jouissais que très occasionnellement et je trouvais ça normal ! Quand j’avais un orgasme, je le dissimulais, alors que je simulais quand je n’en avais pas. Je craignais d’être trop démonstrative et de passer à leurs yeux pour une traînée. Vous voyez, cette culpabilité, ce ne sont pas les femmes qui l’ont mise en place, mais bien les hommes. Non, j’insiste, je pense que si beaucoup de femmes ont du mal avec leur corps, c’est parce qu’elles pensent qu’il ne leur appartient pas.
Et comment retrouver le chemin du plaisir ?
L’épanouissement personnel, la clé est là! Il ne faut pas attendre qu’on vienne vous délivrer. Les femmes doivent se réconcilier avec leur corps; apprendre à l’aimer, à le toucher. Les massages entre autres aident à prendre conscience du corps et du plaisir et puis le combat de la femme doit se transcender un peu. Je rêve de nous voir plus virulentes pour défendre nos droits et de cesser une bonne fois pour toutes de nous contenter des miettes qu’on nous jette par-ci par-là.
Entretien avec layla - 42 ans- Kinésithérapeute
Quelles sont vos zones érogènes ?
À part ce qui est évident… je dirai ma peau, d’une façon générale.
Vu que ça couvre tout votre corps, ça doit ouvrir des perspectives …
Ça ne veut pas dire que n’importe quelle partenaire peut me combler. J’ai la chance d’être avec une femme très intuitive, attentive et réceptive aux messages envoyés par ma peau. Rarement on avait autant compris le langage épidermique.
Avez-vous l’impression que l’intensité de votre plaisir sexuel augmente avec les années ?
Je ne sais pas si ça augmente, mais les sensations sont différentes. C’est la perpétuelle découverte. À chaque nouvelle expérience, de nouvelles sensations. L’exploration est infinie. Rien n’est figé, je peux être clitoridienne, vaginale ou les deux. Dans une expérience déjà vécue, la sensation peut aller plus loin et donc être nouvelle.
Que vous a-t-on déjà fait que vous n’avez pas aimé ?
Je n’aime pas la brutalité. Je ne déteste pas le rapport de force ou la domination mais la douleur physique ne m’apporte pas d’excitation … Bien au contraire ! Je n’aime pas non plus la monotonie, je me lasserais vite si j’étais avec quelqu’un qui fait tout le temps l’amour selon le même rituel.
Quelle est l’expérience qui vous a le plus marquée ?
Faire l’amour dans la forêt en pleine journée avec quelqu’un dont j’étais très amoureuse. J’ai ressenti quelque chose de très bestial … presque atavique. Le lieu, le risque de se faire surprendre, la crainte d’un voyeuriste planqué dans un arbre, le soleil … Un cocktail d’ingrédients qui m’a menée à l’explosion.
Qu’est ce que vous n’aimez pas qu’on vous demande ?
Encore une fois, la brutalité : faire un peu mal dans un jeu érotique, je conçois… mais le rapport de force est un subtil dosage, le moindre excès peut être contre-productif.
Pensez-vous que les femmes aient facilement accès à l’orgasme … et pensez-vous qu’on simule dans les couples lesbiens aussi ?
J’aime penser qu’entre femmes la communication résout tout ce qui peut entraver l’épanouissement sexuel. Mais dans nos sociétés, l’orgasme est considéré comme un aboutissement et s’il n’est pas là, ça reste inachevé. Je suis moi-même dans ce schéma même si je n’ai jamais simulé. Cette pression de jouir peut pousser certaines à faire semblant.
Est-ce que focaliser sur l’orgasme n’est pas la meilleure façon de ne pas l’atteindre ?
...ne pas l’atteindre et surtout passer à côté de sensations intenses. Je peux être littéralement transportée dans le massage. Sans être dans l’orgasme, je suis tout de même dans une bulle d’exultation.
Quels sont les fantasmes que vous souhaitez réaliser, et ceux que vous voulez garder tels quels ?
Je veux tellement les garder que je ne veux même pas les formuler. Ce que je sais en revanche, c’est que, aussi étonnant que ça puisse paraître, nombre de lesbiennes fantasment sur le rapport hétérosexuel et pas forcément celles qui en ont déjà eu. Comme ce n’est pas dans leur quotidien, ça devient presque une perversion. Ce n’est pas pour autant qu’elles passeraient à l’acte... c’est aussi banal que les femmes hétéros qui fantasment sur une relation saphique.
Laurie -27ans - bibiothécaire
Comment jouissez-vous?
En pensant à mon ex (rires)… non, comme tout le monde je pense.
Comment jouit tout le monde ?
Comme vous et moi ! Pourquoi cet air perplexe? Je pense que nous, les femmes, nous avons besoin d’être cajolées. Nous avons besoin de tendresse et d’amour. Nous ne jouissons pas d’une façon mécanique. Il y a un paquet de choses qui doivent se mettre en place avant d’atteindre l’orgasme: la confiance principalement. Faire l’amour suppose un abandon qu’on ne peut atteindre que si nous sommes rassurées sur les sentiments de l’autre.
Vous pensez que toutes les femmes ont besoin d’être amoureuses pour s’adonner au plaisir ?
Peut-être pas. Je veux juste spécifier que contrairement aux hommes, nous n’avons pas la jouissance mécanique. Une femme qui fait l’amour avec un homme le premier soir n’est pas amenée au lit par le même mécanisme. Je crois que les hommes peuvent faire l’impasse sur la séduction, pas les femmes. L’homme cherche à jouir par besoin, la femme par envie.
Vous êtes en train de creuser le fossé: les différences que vous mentionnez sont probablement culturelles et sociales et ne relèvent donc pas forcément de différences biologiques.
Je dirais que c’est parce que l’homme a besoin de baiser qu’il a mis en place des stratagèmes qui ont obligé la femme à se replier sur son intellect. Je reste persuadée que la femme est différente dans ses besoins. Non pas qu’elle rejette le plaisir, mais elle le sacralise probablement un peu plus.
Armelle, 34 ans, Orthodontiste
Si je vous dis « sexualité », qu’est-ce qui vous vient à l’esprit?
Trop de bruit pour rien. Je n’ai jamais compris la place démesurée qu’occupe la sexualité et ce, depuis toujours. Ce n’est pas le temps que nous passons à faire l’amour qui est trop long, mais le temps que nous mettons à disserter sur la sexualité que nous avons ou que nous n’avons pas.
Peut-être que c’est très important ?
Respirer, c’est important, c’est même vital. On ne voit pourtant pas d’affiches 4X3 montrant quelqu’un qui respire pour vendre un yaourt écrémé ou un parfum.
La respiration, tout le monde y a accès, pas le sexe..
La respiration, tout le monde en a besoin... le sexe pas forcément.
On parle beaucoup de sexe et peu de sexualité féminine…
Le bon fonctionnement de la sexualité féminine repose beaucoup sur le non-dit. Nous ne ressentons pas le besoin de discourir sur quelque chose qui se vit, se ressent. Dans une relation amoureuse, le sexe se substitue ou s’ajoute à la parole. Je veux dire que c’est un moyen d’exprimer ses sentiments et son désir .
Peut-être que la parole a son importance, particulièrement pour celles qui ont des difficultés avec le plaisir.
Même si je n’ai pas de problème avec ça, je connais plein de filles qui rencontrent des difficultés. L’homme est passé outre l’épanouissement de la femme, orgasme compris. Quand on réfléchit pendant des siècles si la femme a le droit de voter ou de travailler, il n’est pas étonnant que pour les questions de plaisir, il faille deux ou trois éternités...
Encore la diabolisation de l’homme?
Non, encore les faits ! L’asservissement de la femme par l’homme n’est pas une affabulation. On a commencé par se demander si la femme était un être humain il y a des siècles et on en est à des lois sur la parité .
Je voulais parler sexualité et on parle féminisme…
La sexualité de la femme est liée à sa condition. Se sentir libre et respectée aide pour une paix avec son corps. La femme ne dispose de son corps que depuis les années 70. Jusqu’alors, les femmes qui osaient avoir envie de jouir étaient des salopes. Personnellement, c’est une femme qui m’a enseigné le plaisir. Avant Pascale, j’étais avec des hommes avec qui je ne jouissais que très occasionnellement et je trouvais ça normal ! Quand j’avais un orgasme, je le dissimulais, alors que je simulais quand je n’en avais pas. Je craignais d’être trop démonstrative et de passer à leurs yeux pour une traînée. Vous voyez, cette culpabilité, ce ne sont pas les femmes qui l’ont mise en place, mais bien les hommes. Non, j’insiste, je pense que si beaucoup de femmes ont du mal avec leur corps, c’est parce qu’elles pensent qu’il ne leur appartient pas.
Et comment retrouver le chemin du plaisir ?
L’épanouissement personnel, la clé est là! Il ne faut pas attendre qu’on vienne vous délivrer. Les femmes doivent se réconcilier avec leur corps; apprendre à l’aimer, à le toucher. Les massages entre autres aident à prendre conscience du corps et du plaisir et puis le combat de la femme doit se transcender un peu. Je rêve de nous voir plus virulentes pour défendre nos droits et de cesser une bonne fois pour toutes de nous contenter des miettes qu’on nous jette par-ci par-là.
1 commentaire:
Vous sortez d'où ? C'est bien la première fois que je trouve un blog sérieux. la lecture de vos articles procure un grand plaisir. Je vous félicite particulièrement pour les questions relative à la bisexualité et la sexualité lesbienne sans tabou et sans vulgarité. Merci
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