Naît-on ou devient-on fidèle ?
Vous attaquez fort ! Votre question me surprend autant que si vous m’aviez demandé : « naît-on homosexuel ou le devient-on ?». Pour autant, elle n’est pas dénuée d‘intérêt puisqu’elle suggère que la fidélité -ou l’infidélité- pourrait être naturelle. Il faudrait avant tout définir de quelle fidélité on parle ? La fidélité dans le couple qui va bien ou dans celui où le désir a battu en retraite ? J’imagine que, chacun dans son camp, trouverait les arguments nécessaires pour exploser le cadre qui l’enserre. Cette question ne saurait donc être abordée d’une façon morale. Elle ne peut être traitée qu’en se recentrant sur l’individu.
La fidélité est néanmoins considérée comme une valeur positive. Celles qui s’en écartent doivent ferrailler avec une culpabilité et une pression constantes.
Il faut bien distinguer la monogamie de la fidélité. La première peut être une simple forme de paresse alors que la deuxième requiert une volonté farouche de ne pas céder à la loi des hormones pour préserver une relation précieuse.
La question essentielle à mon sens est à ramener au niveau de l’individu : ce qui doit prévaloir, c’est ce qui lui permet de se sentir en harmonie avec lui-même. La pression sociale - ou morale - cesse d’avoir une prise sur nous dès lors que nos choix sont conscients. Vient ensuite la question des moyens qui vont permettre cette harmonie et c’est là le rôle du thérapeute, à savoir: minimiser les souffrances. Vous savez, parmi les personnes qui me consultent sur cette question, il y a autant de « trompeurs» que de « trompés ».
Justement, assimiler une escapade à une tromperie ne contribue t-il pas à ce que l’infidélité soit perçue comme une ignominie ?
On pourrait discuter de la légitimité du désir d’exclusivité, mais cela nous éloigne de notre sujet. Ma priorité étant de soulager, je propose non pas la guérison mais la réduction des risques.
Pour qui ?
Pour les deux ! Vous savez, une personne dont la partenaire est infidèle n’est pas condamnée à la passivité. Elle peut agir sur elle-même en se protégeant. Pour cela, il lui faut admettre que le comportement de l’autre n’est pas un désaveu pour elle mais quelque chose qui concerne l’autre. En d’autres termes, on ne vous trompe pas parce que vous n’êtes pas à la hauteur mais parce qu’on a des choses à régler avec soi. Ce qui nous appartient par contre, c’est de nous protéger de la souffrance et il n’est pas rare de voir que lorsque une personne arrête de souffrir des infidélités de l’autre, cette infidélité cesse.
Mais l’infidèle peut également souffrir, non ?
Bien sûr ! Quand une personne a besoin de plusieurs relations pour se sentir mieux, l’estime de soi est souvent à son plus bas niveau. La peur de l’engagement, la crainte de ne pas pouvoir être à la hauteur induisent souvent ce comportement. La course effrénée vers son image dans le miroir est souvent la résultante d’une quête de soi douloureuse. Je ne vous apprends rien si je vous dis : on ne fait souffrir que pour tenter de soulager sa propre souffrance.
Est-il possible de changer alors ?
Le besoin constant de séduction n’est pas une fatalité, il peut être endigué. Il faut pour cela restaurer la confiance en soi. Sans cette donnée basique et ô combien précieuse, il est impossible de connaître l’harmonie dans les relations qu’elles soient amoureuses, amicales ou familiales.
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